par Naomi Tajitsu
TOKYO (Reuters) - Mitsubishi Motors a reconnu mardi avoir falsifié des tests d'économies de carburant depuis 25 ans, soit depuis bien plus longtemps qu'il ne l'avait admis jusqu'à présent, et a annoncé la mise en place d'une commission d'enquête externe.
Le sixième groupe automobile japonais a encore cédé près de 10% mardi à la Bourse de Tokyo et a perdu près de la moitié de sa valeur depuis qu'il a reconnu, le 19 avril, la falsification de tests d'économies de carburant sur quatre modèles dont deux produits pour le compte de Nissan (T:7201).
Mitsubishi Motors a aussi admis depuis qu'un plus grand nombre de véhicules pourraient être concernés, ce qui a alimenté les craintes des investisseurs d'éventuelles amendes et demandes d'indemnisation. Les autorités américaines de la sécurité routière ont demandé des informations au constructeur nippon et les autorités japonaises ont perquisitionné l'un de ses centres de recherche.
Mitsubishi Motors a dit que la commission d'experts externes rendrait ses conclusions dans trois mois.
Le constructeur a expliqué qu'il avait utilisé des données pour les tests d'économies de carburant en se conformant aux règles américaines où la conduite sur autoroute et à des vitesses supérieures est courante plutôt qu'aux standards japonais, qui correspondent à une conduite en ville, plus consommatrice de carburant.
Mitsubishi Motors a admis avoir transmis au ministère japonais des Transports des données non conformes aux standards nippons depuis 1991. Le groupe avait jusqu'à présent reconnu l'avoir fait depuis au moins 2002.
Le ministère des Transports avait annoncé auparavant avoir constitué un groupe de travail pour examiner les données utilisées par les autres constructeurs japonais pour les tests d'économies de carburant. Il avait exigé la semaine dernière que ces données lui soient transmises avant le 18 mai.
Le scandale n'est pas sans rappeler celui dans lequel Mitsubishi Motors a été impliqué il y a quinze ans lorsque le constructeur avait admis avoir ignoré pendant plus de vingt ans des réclamations de consommateurs, scandale qui l'avait mis au bord de la faillite.
Le constructeur avait alors été renfloué par les autres filiales de Mitsubishi Group, dont des dirigeants ont dit qu'il leur serait cette fois difficile de voler à son secours car ils sont confrontés à leurs propres difficultés financières et à l'exigence des actionnaires de voir leurs dividendes préservés des obligations de la solidarité intragroupe.
Mitsubishi Motors a également indiqué, dans sa communication à la presse, que son partenariat avec Nissan tenait toujours.
(Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)