Une hausse des ventes de détail et du moral des ménages aux Etats-Unis en août redonne des couleurs à la consommation et aux perspectives de croissance pour la première économie mondiale au 3e trimestre.
Les ventes de détail ont progressé davantage qu'attendu à 0,6% en août et le ministère du Commerce a révisé en hausse les chiffres des deux mois précédents (+0,3% en juillet et +0,4% en août).
Dans le même temps, le moral des consommateurs a rebondi plus que prévu en ce début septembre, l'indicateur de l'Université du Michigan marquant un progrès de 2,1 points à 84,6. La hausse de l'indice a toutefois été portée par "la confiance des ménages en l'avenir" plutôt que par leur évaluation "des conditions actuelles", qui a reculé.
"Ces progrès fournissent de nouveaux signes que l'économie américaine se maintient à un rythme soutenu au troisième trimestre", a commenté Chris Williamson, de Markit. Ils suggèrent, selon lui, que les créations d'emplois décevantes du mois d'août annoncées la semaine dernière (142.000) vont "s'avérer provisoires".
Après ces chiffres du commerce de détail et une hausse continue des stocks des entreprises publiée également vendredi (+0,4% pour juillet) les experts de Barclays Research misent sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 2,6% au 3e trimestre. Ceux de Macroeconomics Advisers misent même sur une expansion de 3,4% de juillet à septembre.
Au deuxième trimestre, la croissance américaine avait bondi de 4,2%, marquant un rattrapage après la contraction de l'hiver.
"Les consommateurs prennent leur revanche !", affirmait Chris Christopher d'IHS Global Insight relevant que les ventes de détail ont été tirées "par un grand besoin d'achats de voitures, par des prix en baisse à la pompe et des dépenses de rentrée qui se sont avérées meilleures qu'on ne le prévoyait".
Les ventes automobiles ont atteint un sommet en huit ans à 17,5 millions d'unités, tirées notamment par des conditions commerciales très avantageuses offertes par les concessionnaires (prêts sans intérêt).
Le progrès de la confiance des ménages n'impressionne pas toutefois tout le monde, certains, comme Ian Shepherdson, chef économiste de Pantheon Macroeconomics, soulignant qu'historiquement, le moral reste faible. "J'aimerais le voir au niveau des 90 comme il était début 2007", avant la crise financière, souligne cet économiste. "Pour l'instant, c'est encourageant pour la consommation mais ce n'est pas un boom", ajoute-t-il.
Cette meilleure tenue des dépenses de consommation va sans doute donner du grain à moudre à ceux qui, au sein de la banque centrale américaine (Fed), craignent un retour plus rapide de l'inflation et estiment qu'une hausse des taux sera nécessaire plus tôt que prévu.
Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) se réunit mardi et mercredi. Si une hausse des taux n'est pas à l'ordre du jour avant la première moitié de l'année prochaine, selon une majorité des analystes, le FOMC pourrait modifier son message d'orientation monétaire pour se donner la liberté d'agir plus vite si besoin est.
A 1,6% en rythme annuel, selon l'indice PCE, la hausse des prix est encore loin de l'objectif de 2% de la Fed. Et ce ne sont pas les prix des produits importés, avec une chute de 0,9% en août, ni ceux de l'énergie, qui ont dégringolé de 4,6%, qui vont alimenter l'augmentation des prix.