Le scandale Volkswagen (XETRA:VOWG) épargne pour l'instant l'industrie automobile américaine, qui a enregistré un nouveau mois de bonnes ventes marqué par un envol d'Audi, une des marques haut-de-gamme du groupe allemand.
Au total, 1,44 million de véhicules ont étés vendus en septembre aux Etats-Unis, selon les données compilées et annoncées jeudi par le cabinet spécialisé Autodata. Cela représente une hausse de 15,8% sur un an contre une progression de seulement 13,9% attendue.
En rythme annualisé et données corrigées des variations saisonnières, les ventes de voitures s'élèvent à 18,17 millions d'unités écoulées, un plus haut depuis juillet 2005.
De GM à Ford en passant par les japonais Toyota (TOKYO:7203) et Nissan (TOKYO:7201), la plupart des grands groupes automobiles présents sur le marché ont enregistré une hausse des ventes au-delà de 10%.
GM a vendu au total 251.310 véhicules, Ford 221.599 et FCA US (ex-Chrysler) 193.019, contre respectivement 239.603, 218.921 et 194.423 pronostiqués par Edmunds.com.
Tesla, le fabricant californien des véhicules électriques de luxe qui vient de dévoiler un SUV (Model X), a écoulé 2.200 unités (en hausse de 33,3% sur un an).
Toyota et Nissan ont vu, eux, leurs ventes mensuelles augmenter de respectivement 16,2% à 194.370 et de 18,3% à 121.782 unités, contre 194.515 et 118.117 attendus.
BMW (XETRA:BMWG) (+4% à 26.608 unités) et Mercedes-Benz (+6,1% à 31.337) restent bien orientés.
"La duperie de Volkswagen domine les titres mais elle ne tient pas les consommateurs éloignés des showrooms de leurs marques préférées", observe l'analyste Jessica Caldwell, qui souligne que la motorisation diesel occupe une part infime du parc automobile américain.
Le constructeur allemand, qui a une part de marché de seulement 3% aux Etats-Unis, a vendu au total 26.141 véhicules, contre 25.996 à la même période il y a un an, soit une hausse de 0,56%.
Observateurs et analystes anticipaient un décrochage au vu du retentissement mondial du scandale.
Le cabinet spécialisé Edmunds.com s'attendait par exemple à un recul mensuel de 2%, d'autant que Volkswagen a été forcé de suspendre à compter de la mi-septembre les ventes de certains véhicules équipés de moteurs diesel concernés par l'enquête des autorités américaines sur les violations des normes anti-pollution.
Audi, dont certains modèles diesels sont concernés par le scandale, a écoulé pour sa part 17.340 unités, en hausse de 16,2% sur un an.
- SUV et pick-ups -
Toutefois, les seuls chiffres de septembre ne suffisent pas pour mesurer l'ampleur des conséquences commerciales du scandale des moteurs truqués, d'autant que les nouveaux modèles à motorisation diesel de Volkswagen ne peuvent être vendus aux Etats-Unis pour le moment. L'agence environnementale fédérale EPA n'a pas encore donné le certificat de conformité nécessaire à leur commercialisation.
Ils sont néanmoins "la preuve que les acheteurs ne vont pas déserter le marché tout simplement parce qu'ils ne veulent ou ne peuvent pas acheter les véhicules affectés", estime Jessica Caldwell.
Les ventes de véhicules neufs de septembre confirment la tendance du marché américain qui voit une forte progression ces derniers mois des ventes de "trucks" et de 4X4 de ville (SUV) sur fond de baisse du coût de l'essence.
Chez Ford, les ventes de SUV ont par exemple bondi de 27%, soit leur meilleur mois de septembre depuis 2003. Dans le cas de FCA, c'est Jeep qui enregistre la plus forte hausse (+40%).
L'industrie automobile américaine a renoué avec ses meilleures années en 2014, tournant définitivement la page humiliante des faillites de GM et de FCA US en 2009.
D'un côté, l'environnement économique et la confiance des consommateurs américains devraient permettre de prolonger ce regain de forme en 2015, estiment les analystes.
"L'économie américaine continue de créer des emplois, le revenu disponible augmente, les prix de l'énergie et les taux d'intérêt restent bas et les entreprises investissent", avance Mustafa Mohatarem, chef économiste chez GM.
De l'autre, s'intensifie l'offensive dans les nouvelles technologies, censées rendre les véhicules plus sûrs, sources de revenus futurs.
GM a ainsi confirmé jeudi ses ambitions dans les véhicules autonomes et l'auto-partage en annonçant un plan d'économies triennal de 5,5 milliards de dollars pour se concentrer vers ces deux relais de croissance.