La Bourse de Paris a peu profité de la légère accalmie en Grèce et en Espagne et devrait rester attentiste dans les séances à venir, suspendue à la tenue en fin de semaine prochaine d'un sommet européen crucial, aux yeux du marché, pour éteindre l'incendie dans la zone euro.
Au cours de la semaine écoulée, le CAC 40 a pris 0,11% et clôturé vendredi à 3.090,90 points. L'indice parisien a perdu 2,18% depuis le 1er janvier.
"L'agenda a été chargé en événements politiques, mais les quelques embellies en Grèce et en Espagne n'ont pas permis de rassurer les investisseurs", note Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse.
L'audit, très attendu, sur le secteur bancaire espagnol, asphyxié par des crédits immobiliers douteux, n'a pas crée de mauvaises surprises.
Selon ce rapport, les banques ibériques auront besoin d'au maximum 62 milliards d'euros d'argent frais, un chiffre inférieur aux attentes et à l'enveloppe de 100 milliards d'euros proposée par la zone euro.
Mais Madrid emprunte toujours au prix fort et ses taux d'intérêt sur le marché obligataire, là où s'échangent les titres de dette déjà émis, restent à des niveaux élevés et difficilement soutenables, autour des 6,5%.
La Grèce, qui s'est enfin dotée d'un nouveau gouvernement, s'apprête de son côté à demander à ses bailleurs de fonds (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne) deux ans de plus pour assainir ses comptes, selon l'agence de presse grecque Ana.
La troïka des créanciers se rendra à Athènes dès lundi afin de tenter d'adapter le programme de rigueur qui étouffe l'économie du pays.
"Les Etats-Unis ont été davantage au centre des attentions car les dernières statistiques montrent que leur économie est aussi touchée par les répercutions de la crise de la zone euro", remarque Isabelle Enos chez B*Capital.
Dans ce contexte, la Réserve fédérale américaine n'a pas été assez réactive lors de sa dernière réunion, aux yeux des opérateurs. Elle s'est contentée de prolonger jusqu'à la fin de l'année son opération pour faire baisser les taux d'intérêt à long terme (Twist), sans annoncer de mesures de soutien supplémentaires à l'économie.
"Les prochains jours seront dominés par l'attentisme car les marchés n'attendent pas grand chose avant le sommet européen des 28 et 29 juin", estime Guillaume Garabédian, gérant d'actions chez Meeschaert Gestion Privée.
Les espoirs sont grands. "Il faut que les partenaires européens ne se contentent plus de répondre dans l'urgence, mais fixent un cadre pour les années à venir en tranchant sur des questions comme l'union bancaire ou une éventuelle mutualisation des dettes", commente Mme Enos.
Le chef du gouvernement italien, Mario Monti, propose aussi d'utiliser les fonds de secours européens pour racheter de la dette déjà en circulation. La BCE, qui a encore desserré vendredi ses conditions de prêt aux banques, a mis son programme de rachat de dette en sommeil depuis la mi-mars.
Le sommet de Bruxelles va s'ouvrir dans un contexte difficile sur fond de blocage juridique en Allemagne où la Cour constitutionnelle a suspendu la ratification du pacte budgétaire européen souhaitant examiner plus en détails le texte. Cet ajournement risque de retarder la mise en place du mécanisme de sauvetage (MES), initialement prévue début juillet.
Plusieurs statistiques américaines seront suivies de prêt sur fond d'inquiétudes pour la croissance mondiale notamment l'indice de confiance des consommateurs, la troisième estimation du produit intérieur brut et plusieurs indicateurs sur l'immobilier.
"Il faut commencer à faire attention aux déclarations des dirigeants d'entreprises qui pourraient être tenter de reporter leurs investissements vu le contexte économique difficile", souligne Mme Enos.
A Paris, certains poids lourds de la cote commencent à souffrir de la crise de la dette à l'instar du géant alimentaire Danone qui a lancé mardi un avertissement sur résultats, pâtissant de la situation économique en Espagne.