Nouveau coup de rabot sur les perspectives économiques tricolores: l'Insee a abaissé jeudi sa prévision de croissance pour la France en 2016, malgré le rebond attendu de l'activité en fin d'année, qui devrait se poursuivre au début de l'année prochaine.
Selon l'institut de statistiques, qui publiait jeudi sa note de conjoncture trimestrielle, le produit intérieur brut (PIB) devrait augmenter de 0,4% au quatrième trimestre par rapport au troisième trimestre, et croître de 1,2% en 2016 en moyenne annuelle, au lieu des 1,3% jusque-là anticipés.
L'activité devrait ensuite continuer à croître à un rythme modéré, avec 0,3% de hausse du PIB, puis 0,4%, aux premier et deuxième trimestre 2017, grâce à la bonne tenue de la consommation, de l'investissement et des exportations.
L'Insee, qui avait déjà abaissé en juin sa prévision de croissance pour 2016 de 1,6% à 1,3%, en raison du trou d'air traversé par l'économie française au deuxième trimestre (-0,1%), s'aligne avec cette nouvelle révision sur les hypothèses l'OCDE.
L'institut est en revanche plus pessimiste que la Commission européenne et la Banque de France, qui anticipent une hausse du PIB de 1,3% en 2016, mais aussi et surtout que le gouvernement, qui espère 1,4% de croissance cette année.
- Mauvaises récoltes -
Selon Dorian Roucher, responsable de la synthèse conjoncturelle à l'Insee, cette croissance plus faible que prévu s'explique principalement par "l'intégration des mauvais résultats en matière de production agricole".
Les mauvaises conditions météorologiques en 2016, avec notamment les inondations du printemps, ont en effet fortement pénalisé les récoltes céréalières et viticoles. Et par ricochet les exportations françaises, à la peine ces derniers mois.
"Au total, les mauvaises récoltes vont coûter 0,2 point à la croissance française. Ce n'est pas négligeable", insiste M. Roucher, qui estime que les à-coups trimestriels observés en 2016 ne remettent pas en cause la dynamique globale de reprise.
L'économie française, selon l'Insee, devrait ainsi bénéficier de plusieurs facteurs favorables au cours de prochains mois, outre un probable retour à la normale de la production agricole.
La consommation devrait ainsi se maintenir à un niveau élevé (progressant de 0,3% aux premier et deuxième trimestres 2017, après +0,5% au quatrième trimestre 2016), malgré un ralentissement du pouvoir d'achat lié au léger regain d'inflation.
L'investissement des entreprises, autre moteur important pour la croissance, devrait également retrouver du tonus (+0,8% au premier trimestre et +0,5% au deuxième), après s'être replié ces derniers mois.
Quant aux exportations, elles devraient repartir de l'avant, portées par le dynamisme économique de l'Allemagne et de l'Espagne, ainsi que par la livraison de plusieurs grands contrats navals et aéronautiques.
Le commerce extérieur, après avoir coûté 0,3 point de hausse du PIB à la France en 2015, puis 0,7 point en 2016, devrait alors cesser "de peser sur la croissance française au premier semestre 2017", souligne l'Insee.
- Incertitudes politiques -
Ces éléments favorables devraient permettre à l'emploi marchand de continuer à progresser. Selon l'Insee, l'emploi total devrait ainsi croître de presque 70.000 postes au premier semestre 2017, après 190.000 en 2016.
Le taux de chômage devrait pour sa part légèrement reculer, pour atteindre à la mi-2017 9,5% de la population active en métropole et 9,8% avec l'outre-mer, grâce à un nombre d'emplois créés suffisant pour absorber la hausse de la population active.
Les perspectives sont "positives", s'est réjouie dans un communiqué la ministre du Travail, Myriam El Khomri. "Ce sont des chiffres qui nous ramènent au niveau de 2008, avant-crise", a souligné de son côté le ministre de l'Économie et des Finances Michel Sapin.
Le taux de chômage, au vu des chiffres de l'Insee, ne retrouvera toutefois pas, d'ici à la fin du quinquennat de François Hollande, son niveau du début de mandat. Au 2e trimestre 2012, il s'élevait en effet à 9,3% en métropole et à 9,7% en France entière.
Plusieurs "aléas", selon l'Insee, pourraient en outre remettre en cause cette dynamique. À commencer par les incertitudes politiques liées à la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, et aux futurs scrutins en France et en Allemagne.
"À ce stade, ces incertitudes n'ont pas entamé la confiance des entrepreneurs et des ménages", relève l'institut. Mais "selon leur développement, elles pourraient accroître l'attentisme" et "provoquer l'instabilité sur les marchés".