Les Etats-Unis étaient en passe mardi d'éviter la cure d'austérité forcée du "mur budgétaire" grâce à un compromis adopté dans la nuit de la Saint-Sylvestre par le Sénat mais le texte doit encore être accepté par la Chambre des représentants, où les républicains semblent très réticents.
Le texte prévoit une hausse des impôts pour les plus riches (le taux d'imposition passera de 35% à 39,6% pour les foyers aux revenus supérieurs à 450.000 dollars par an) mais laisse en suspend de nombreuses questions avec le report de deux mois de l'échéance sur des coupes claires automatiques dans les dépenses publiques, en particulier militaires.
Toutefois, les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, ne semblaient guère disposés à adopter cette loi en l'état.
"Je ne soutiens pas ce texte", a ainsi affirmé Eric Cantor, le numéro deux du parti républicain à la Chambre, lors d'une réunion avec les autres élus du parti, selon des propos rapportés par son collègue, le représentant Tim Huelskamp.
"Je le prends comme une transgression de nos principes conservateurs", a ajouté M. Cantor lors de cette réunion à l'issue de laquelle plusieurs autres élus ont manifesté leur opposition au texte adopté par le Sénat qui selon eux ne prévoit pas suffisamment de réduction des dépenses publiques.
Les représentants républicains devaient se réunir de nouveau dans l'après-midi pour décider de la conduite à tenir alors que le temps presse pour adopter cette loi. Le vote, pressenti un temps pour mardi, pourrait être reporté.
Après des semaines de déclarations tonitruantes et de négociations en coulisses, le Sénat, à majorité démocrate, a adopté un texte mardi peu après 02H00 du matin (07H00 GMT) à une écrasante majorité (89 voix contre huit). Ce compromis avait été négocié par le vice-président Joe Biden et le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell.
Mais il est indispensable que la Chambre donne à son tour son feu vert au texte si les Etats-Unis veulent éviter les conséquences du "mur budgétaire". Il s'agit d'un cocktail de hausses d'impôts dues à l'expiration des cadeaux fiscaux hérités de la présidence de George W. Bush et de coupes drastiques dans les dépenses, fruit d'un marchandage datant de 2011 au Congrès.
La collision avec le "mur budgétaire" a eu techniquement lieu lors de l'entrée dans l'année 2013 sur la côte Est des Etats-Unis (05H00 GMT mardi), mais ses effets seront limités dans l'immédiat, puisque mardi est un jour férié.
Bourse de New York fermée mardi
L'augmentation des impôts pour les ménages les plus aisés serait incontestablement une victoire pour Obama, qui en avait fait un "point dur" de la négociation.
"Souvenez-vous qu'il y a seulement un mois les républicains au Congrès disaient qu'ils ne donneraient jamais leur accord sur une hausse des impôts pour les Américains les plus riches", a-t-il lancé, tout sourire, lundi après-midi lors d'une conférence de presse avant la finalisation complète de l'accord.
Dans un communiqué diffusé mardi, la Maison Blanche a parlé d'une "victoire pour les familles de la classe moyenne et pour l'économie". Elle a aussi vanté une solution "qui maintient l'impôt sur le revenu à un niveau modeste pour la classe moyenne" et qui signifie que "les millionnaires et les milliardaires paieront leur juste part pour réduire le déficit".
Mais le président a dû transiger et certains dans le camp démocrate ne cachaient pas leur déception: il avait défendu avec force pendant sa campagne de réélection un seuil à 250.000 dollars.
L'accord repousse aussi de deux mois les coupes budgétaires automatiques censées entrer en vigueur mercredi, pour donner une fois de plus davantage de temps aux élus d'élaborer un plan de réduction des dépenses.
Cet affrontement en annonce un autre d'ici quelques semaines, celui du relèvement du plafond légal de la dette américaine, atteint officiellement lundi. La décision de repousser de deux mois les décisions sur les dépenses risquerait d'agglomérer ces deux dossiers distincts et donc de créer un nouveau "mur budgétaire" encore plus lourd de menaces.
Les marchés pourraient être en outre effarouchés par une impasse à Washington. Fermée mardi, la Bourse de New York ne rouvrira que mercredi matin.