Les Etats-Unis étaient voués à rater l'échéance du "mur budgétaire" lundi soir malgré l'émergence d'un accord partiel au Congrès afin d'éviter une cure d'austérité lourde de menaces, si elle se prolonge, pour la première économie mondiale.
Après des semaines de débats acharnés et des négociations de dernière minute, les républicains, maîtres de la Chambre des représentants, ont annoncé qu'ils ne seraient pas en mesure d'organiser de vote lundi, signifiant techniquement un choc, au moins temporaire, contre le "mur budgétaire" lors du passage en 2013 à minuit (mardi 05H00 GMT).
Les effets immédiats d'une hausse généralisée des impôts ne se feront toutefois pas sentir dans l'immédiat, mardi étant un jour férié pendant lequel le Congrès aura encore la possibilité d'adopter un éventuel compromis sur la fiscalité.
"Nous n'avons (aucun texte) sur lequel voter", a déclaré à l'AFP un responsable républicain sous couvert de l'anonymat, en allusion au fait que les sénateurs n'avaient rien adopté. Il n'y a "aucune chance qu'ils adoptent quelque chose suffisamment tôt pour que nous puissions (voter) avant minuit, même si nous le voulions", a-t-il ajouté.
Auparavant, le président démocrate Barack Obama et ses adversaires républicains avaient affirmé être proches d'un accord pour éviter in extremis une hausse d'impôts aux Américains.
Un accord "est en vue, mais il n'est pas encore fait. Il y a encore des problèmes à résoudre, mais nous avons espoir que le Congrès puisse y parvenir", a expliqué lundi M. Obama à la Maison Blanche.
Nervosité sur les marchés
M. McConnell a révélé ensuite qu'un compromis avait été obtenu sur la question des impôts, mais que celle des coupes budgétaires posait encore problème. Il s'agit des deux composantes du cocktail du "mur budgétaire", conséquence d'une part de l'expiration des cadeaux fiscaux hérités de la présidence de George W. Bush et d'autre part d'un accord de réduction du déficit conclu en 2011 par les législateurs.
Ni M. McConnell ni M. Obama n'ont donné de détails chiffrés, mais le président a indiqué que le compromis empêcherait des hausses d'impôts pour la classe moyenne et se traduirait par une extension de l'assurance-chômage "pour deux millions d'Américains".
Des médias américains ont rapporté que les deux camps s'étaient mis d'accord sur une expiration des allègements fiscaux pour les contribuables aux revenus annuels supérieurs à 400.000 dollars (450.000 dollars par foyer). La taxation des revenus du capital augmenterait de cinq points de pourcentage, passant à 20%.
Tout accord, complet ou partiel, doit être entériné dans les mêmes termes par les deux chambres du Congrès avant d'être promulgué par le président.
Si la situation du "mur budgétaire" se prolonge, des économistes ont mis en garde contre une possible replongée de la première économie mondiale dans la récession.
Mais d'un point de vue psychologique, un "mur budgétaire" pourrait provoquer un décrochage des marchés, d'autant plus que d'autres échéances difficiles pointent à l'horizon, comme le nécessaire relèvement du plafond légal de la dette par le Congrès au premier trimestre.
Pour sa dernière séance de l'année, Wall Street a une nouvelle fois lundi fait preuve de nervosité en raison de la situation à Washington, avant de clôturer en nette hausse en raison des déclarations de M. McConnell.
L'annonce sur l'absence de vote lundi est tombée après la clôture, et la Bourse ne rouvrira que mercredi matin.