Après les Pays-Bas, le président chinois Xi Jinping entame mardi soir à Lyon une visite d'État de trois jours en France, à forte connotation économique, pour le cinquantenaire des relations Paris-Pékin établies par de Gaulle et Mao.
Premier chef d'Etat européen à avoir été reçu par Xi Jinping en avril 2013, François Hollande a annoncé qu'il réserverait au numéro un chinois un accueil "exceptionnel". Celui-ci se rendra ensuite à Berlin et Bruxelles.
Sa venue en France s'inscrit dans le cadre des célébrations du 50e anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoises établies le 27 janvier 1964. En pleine guerre froide, le général de Gaulle avait été le premier dirigeant occidental à reconnaître la Chine communiste.
Cette visite "sera l'occasion pour moi, d'une part de faire le bilan du passé et de célébrer l'amitié entre nos deux pays, d'autre part de construire l'avenir et de faire accéder nos relations à un nouveau palier", a déclaré M. Xi dans une tribune publiée mardi par Le Figaro.
"J'attends d'échanger de manière approfondie avec les autorités françaises et les amis des différents milieux pour trouver la voie du +gagnant-gagnant+", a-t-il ajouté.
Notamment en matière économique, espère Paris, qui profite de ces trois jours pour dérouler le tapis rouge aux entreprises et investisseurs chinois, et tenter de ranimer une relation économique parfois poussive.
Mercredi, à l'Élysée, sera signé le partenariat stratégique validant l'entrée de Dongfeng et de l'État français au capital de PSA. Des ventes d'Airbus pourraient être annoncées. Devrait également être signé "un partenariat industriel renforcé" entre Airbus Helicopters et la Chine. Dans le nucléaire, le patron d'Areva, Luc Oursel, espère aussi signer des accords.
Sur le plan diplomatique, l'Iran, la Syrie, la Corée du Nord, et l'Afrique feront partie des grands dossiers évoqués, et surtout l'Ukraine, au lendemain de la réunion des grandes puissances du G7, à La Haye. Un dossier dans lequel Pékin affiche une indulgente neutralité à l'égard de Moscou, mais où il n'y a "aucun motif de désaccord", selon Paris.
Deux documents politiques seront signés: la traditionelle déclaration conjointe, mais aussi "un plan de coopération à moyen et long terme", dixit M. Xi.
- Relations privilégiées avec la Chine -
A Lyon, accompagné de son épouse, la populaire chanteuse Peng Liyuan, il sera accueilli à l'aéroport par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Un dîner de gala est ensuite prévu à l'Hôtel de Ville, où des produits régionaux et innovants lui seront présentés.
Ancienne capitale de la soie, pionnière dans l'accueil des étudiants chinois, Lyon entretient de longue date des relations privilégiées avec la Chine.
Xi Jinping visitera notamment, mercredi à Marcy L'Etoile (Rhône), le centre de recherche en biologie moléculaire BioMérieux, très implanté en Chine, avant de rejoindre Paris, puis Rouen vendredi.
D'importantes mesures de sécurité et de restriction de la circulation ont été mises en place dans la capitale des Gaules - notamment aux abords de la presqu'île, où loge la délégation dans un grand hôtel, et de la mairie dont la station de métro sera fermée - alors qu'un rassemblement "contre les violations des droits humains" au Tibet et en Chine est prévu mardi après-midi devant la cathédrale Saint-Jean, de l'autre côté de la Saône, à l'appel d'associations.
De précédentes visites de dirigeants chinois ont été perturbées à Lyon.
En 1999, lors de la venue du président Jiang Zemin, le célèbre opposant Wei Jingsheng avait pu l'interpeller directement avec un mégaphone depuis les locaux du journal Lyon Capitale, alors voisin de l'Hôtel de Ville.
Deux ans plus tard, onze personnes, dont des journalistes, avaient été arrêtées pour avoir diffusé un enregistrement de Wei Jingsheng appelant à la démocratisation de la Chine, tandis que le vice-président Hu Jintao arrivait à la mairie.