Le ministre polonais de la Défense a accusé samedi l'avionneur européen Airbus (PA:AIR) d'être à l'origine de l'abandon du contrat sur les hélicoptères multirôles Caracal, en lui reprochant de ne pas avoir répondu à la dernière proposition polonaise.
"Lors de la dernière étape (des négociations d'offset, ndlr), Airbus Helicopters n'a pas présenté de proposition satisfaisante. Il n'a pas répondu à la position polonaise et c'est pour cela que les négociations, le contrat ont dû être arrêtés", a déclaré Antoni Macierewicz lors d'une conférence de presse.
"Je voudrais que se soit complètement clair, ce n'est pas la partie polonaise qui a rompu ces négociations", a-t-il ajouté.
La rupture, mardi, du contrat sur 50 hélicoptères multirôles Caracal d'Airbus, contrat estimé par Paris à 2,4 milliards d'euros et par Varsovie à 3,1 milliards, a jeté un froid dans les relations franco-polonaise, le président François Hollande reportant une visite prévue à Varsovie le 13 octobre.
Ce contrat représentait une bouffée d'oxygène pour la branche hélicoptères d'Airbus, plombée depuis deux ans par l'atonie du marché du pétrole et gaz offshore en raison de la baisse des cours.
La Pologne reproche à Airbus à ne pas avoir offert de compensations industrielles ou "offset" d'une valeur suffisante.
"J'ai pris connaissance avec regret de la position d'Airbus Helicopters qui (...) n'a pas satisfait les propositions polonaise, liées à l'offset", a expliqué le ministre polonais.
Selon Paris en revanche, l'industriel - dont l'Etat français est actionnaire - a été "extrêmement loin dans son offre" en alignant des "offset" équivalents à 100% du montant du contrat, "du jamais vu" dans ce type de négociations, a insisté une source proche du dossier.
La différence d'estimation était de "plusieurs milliards de zlotys. Le gouvernement polonais ne pouvait pas accepter un tel écart", a déclaré de son côté le vice-ministre de la Défense Bartosz Kownacki lors de cette conférence de presse.
Il a également avancé que la partie française avait laissé entendre qu'il pourrait y avoir des retards dans les livraisons des machines.
"Nous avons souligné à plusieurs reprises que le facteur temps était important pour nous (...) La partie française nous a informé qu'elle pourrait avoir des problèmes pour livrer ces hélicoptères dans les délais initialement prévus. Nous ne pouvions pas poursuivre indéfiniment cette procédure, s'il n'y avait pas de chances de trouver une entente", a-t-il expliqué.
Le ministre de la Défense a déclaré que la Pologne chercherait à acheter "le plus rapidement possible" de nouveaux hélicoptères multirôles sans toutefois préciser si le gouvernement pencherait pour un nouvel appel d'offres ou des négociations directes avec un constructeur. "L'affaire est urgente", a-t-il déclaré.
La nouvelle procédure d'acquisition (...) "sera ouverte à tous les constructeurs", a-t-il souligné.
Dès son arrivée au pouvoir en novembre 2015, le gouvernement polonais conservateur a contesté le choix de l'équipe libérale précédente en faveur d'Airbus, au nom de la défense des usines polonaises de ses concurrents, l'américain Lockheed Martin et AgustaWestland, division du groupe italien Leonardo-Finmeccanica.