par Eva Taylor et Paul Carrel
FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) s'est dit prête à soutenir la fragile reprise économique de la zone euro mais a prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à des initiatives de sa part à chacune de ses réunions de politique monétaire dont la fréquence sera réduite et la teneur des débats rendue publique à compter du début de l'année prochaine.
A l'issue de son conseil des gouverneurs de jeudi, elle a laissé inchangé ses taux directeurs, un mois après les avoir abaissés à des nouveaux plus bas records, avec notamment un taux de dépôt passé en territoire négatif.
L'institut d'émission avait abaissé début juin son taux de refinancement à 0,15% et ramené son taux de dépôt à -0,1%, deux seuils historiquement bas. Le taux de prêt marginal, abaissé le mois dernier à 0,4%, a également été maintenu à ce niveau.
La BCE a aussi précisé dans la journée les modalités des opérations de refinancement à long terme ciblées (TLTRO), elle aussi annoncées le mois dernier dans le but de soutenir le crédit aux entreprises.
"La combinaison des mesures de politique monétaire décidées le mois dernier a conduit à un nouvel assouplissement dans l'orientation de la politique monétaire", a déclaré le président de la BCE lors de sa traditionnelle conférence de presse mensuelle.
"Les opérations monétaires qui auront lieu dans les prochains mois renforceront cet assouplissement et soutiendront le crédit bancaire", a poursuivi Mario Draghi en référence aux TLTRO qui débuteront en septembre. "Au fur et à mesure que nos mesures se transmettront à l'économie, elles contribueront au retour de taux d'inflation à des niveaux plus proches de 2,0%."
GERER LES ANTICIPATIONS
Le taux d'inflation dans la zone euro est ressorti à 0,5% le mois dernier, bien en dessous de l'objectif de la BCE d'une hausse des prix inférieure mais proche de 2% à moyen terme, faisant craindre que les pressions déflationnistes n'étouffent la faible reprise de l'économie du bloc.
Mario Draghi a aussi souligné que les risques entourant les perspectives économiques pour la zone euro demeurent orientés à la baisse, citant les risques géopolitiques et l'évolution des conditions sur les marchés financiers internationaux.
Il a réaffirmé que le conseil des gouverneurs était unanime dans son engagement à recourir à de nouveaux instruments non conventionnels comme des rachats d'actifs, si l'inflation ne parvenait pas à remonter.
Il a redit que les principaux taux directeurs de la BCE resteraient à leurs niveaux actuels pendant une période prolongée au regard des perspectives actuelles d'inflation.
La devise européenne a baissé en réaction à cette confirmation du caractère accommodant de la politique monétaire de la BCE.
D'autant que les statistiques de l'emploi pour le mois de juin aux Etats-Unis augurent d'un net rebond de l'économie américaine après un début d'année difficile et nourissent les anticipations d'une accélération du calendrier de la hausse des taux directeurs de la Réserve fédérale (Fed).
Tout en soulignant que le travail de la BCE est très loin d'être terminé, Mario Draghi a toutefois prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à des initiaitives de la part de l'institution à chacune des réunions de politique monétaire de son conseil des gouverneurs.
"La question est de savoir s'il doit y avoir chaque mois et tous les mois des anticipations d'initiatives" de la part de la BCE, a-t-il dit.
Le conseil des gouverneurs a d'aileurs pris la décision de réduire la fréquence des réunions de politique monétaire qui se tiendront toutes les six semaines et non plus tous les mois à compter de janvier 2015. A l'instar de la Fed et de la Banque d'Angleterre, la BCE publiera à partir de la même date le compte rendu de ces réunions de politique monétaire.
(Nicolas Delame et Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)