par Jan Strupczewski
ATHENES (Reuters) - Les ministres de la zone euro envisagent de proroger de six mois, jusqu'à la mi-2015, le plan d'aide internationale à la Grèce qui devait arriver à son terme en fin d'année, ce qui donnerait à cette dernière un délai supplémentaire pour satisfaire aux conditions de déblocage des fonds restants, montre un document.
Une telle prolongation irait à contre la volonté du Premier ministre Antonis Samaras, qui cherche à sortir son pays du plan à la fin du mois pour augmenter les chances de victoire de son camp à l'élection présidentielle de février.
Un responsable gouvernemental grec a déclaré jeudi à Reuters que son pays était uniquement disposé à discuter d'une prolongation de quelques semaines seulement.
Athènes n'a été informée d'aucun projet de prolongation du programme pour une durée de six mois, a-t-il ajouté.
La prorogation de ce programme d'aide de 240 milliards d'euros, en vigueur depuis 2010, paraît de plus en plus inévitable parce que les bailleurs de fonds internationaux et le gouvernement grec ne sont pas encore parvenus à un compromis sur les conditions qui permettraient à la Grèce de recevoir la dernière tranche d'aide de 1,8 milliard d'euros, de disposer d'une ligne de crédit de précaution après l'arrêt du programme et de revenir sur les marchés des capitaux.
Pour sortir du plan avant la fin du mois, Athènes doit conclure un accord avant la réunion des ministres des Finances de la zone euro prévue lundi prochain à Bruxelles.
Les discussions butent cependant sur un désaccord entre le gouvernement grec et la "troïka" des bailleurs de fonds (Banque centrale européenne, Commission européenne et Fonds monétaire international) au sujet des besoins de financement de la Grèce en 2015.
Dans un document préparatoire à la réunion de l'Eurogroupe lundi, que Reuters a pu consulter, il est écrit: "Bien que l'objectif d'une prolongation technique soit d'offrir un délai aux autorités grecques pour préparer une législation qui serait adoptée en janvier 2015, la prolongation technique pourrait s'étaler sur une période plus longue afin de se prémunir de la possibilité de retards à l'approche de l'élection présidentielle grecque."
Une prolongation jusqu'à la fin du deuxième trimestre 2015 paraît donc "appropriée", selon ce document, qui souligne cependant que le scénario retenu prévoit toujours un accord entre la Grèce et les créanciers avant le 8 décembre puis le versement de la dernière tranche d'aide et la mise en place de la ligne de crédit avant fin janvier.
Un responsable gouvernemental grec a déclaré que la Grèce n'avait réclamé aucune prolongation du plan d'aide international.
Au sujet de la ligne de crédit, ce filet de sécurité serait disponible un an et pourrait être prolongé de six mois, renouvelables une fois. Cette ligne de crédit serait dotée de 11,5 milliards d'euros tirés des fonds de recapitalisation des banques grecques n'ayant pas été utilisés.
(Avec Lefteris Papadimas à Athènes et Deepa Babington; Wilfrid Exbrayat et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Angrand)