L'Argentine a versé jeudi plus d'un milliard de dollars, dont une partie aux Etats-Unis, pour régler une échéance aux créanciers ayant accepté une restructuration de sa dette.
Le ministre argentin de l'Economie, Axel Kicillof, a souligné que ce paiement dû au 30 juin "dépassait le milliard de dollars" et illustrait "la volonté de l'Argentine d'honorer ses engagements envers 100% de ses créanciers".
Une décision judiciaire américaine ordonne à Buenos Aires de verser 1,33 milliard de dollars à deux fonds vautours avant de poursuivre les remboursements de la dette des créances restructurées.
"Payer, c'est déposer les fonds conformément à nos obligations, un droit exercé de manière volontaire, sans prétendre avec cela aller à l'encontre d'autres décisions de l'autorité judiciaire qui altèrent les termes du contrat souscrit par un pays souverain", a déclaré Axel Kicillof au cours d'une conférence de presse au ministère de l'Economie à Buenos Aires.
Après la crise économique de 2001 et la faillite d'une Argentine surendettée, la plupart des créanciers privés du pays (93%) ont renoncé à environ 70% de leurs créances pour permettre à la troisième économie latino-américaine de se redresser. En revanche, 7% des détenteurs de bons de la dette argentine ont refusé la restructuration du passif, comme les fonds NML Capital et Aurelius Management, qui ont obtenu devant la justice des Etats-Unis le paiement de 100% de leurs créances.
La somme de plus d'un milliard de dollars était due le jour ouvrable précédant la date butoir du lundi 30 juin, mais le paiement a été effectué jeudi car vendredi est chômé dans l'administration bancaire argentine.
L'Argentine a cherché à impliquer les Etats-Unis dans cette affaire polémique alors que les messages de soutien à Buenos Aires affluaient. Le ministre argentin a ainsi appelé les Etats-Unis "à assumer la responsabilité internationale" des conséquences qu'auront les décisions de son pouvoir judiciaire.
Axel Kicillof a accusé le juge fédéral américain qui suit le dossier d'avoir pris fait et cause pour les fonds spéculatifs. "Il n'y a pas le moindre doute, dit-il, sur la partialité du juge pour les fonds vautours et sur sa véritable intention: conduire l'Argentine au défaut de paiement pour faire s'écrouler les restructurations de 2005 et 2010 qui a fait l'objet d'un large consensus".
Le gouvernement argentin affirme que s'il doit appliquer le jugement prononcé par le juge américain, le pays court à la faillite, partant du principe que 93% des créanciers pourraient finalement exiger de toucher 100% de la valeur de leurs bons, comme NML Capital et Aurelius Management.