L'Assemblée nationale a approuvé mardi, par 365 voix contre 172 en première lecture (avec 24 abstentions), le volet "recettes" du premier budget du quinquennat Macron, qui comprend notamment la réforme controversée de l'ISF et la fin progressive de la taxe d'habitation pour 80% des ménages.
Les députés En Marche-MoDem ont unanimement voté pour, les socialistes, communistes et Insoumis tous contre, comme le groupe LR, à deux abstentions près (Olivier Dassault et Sébastien Huyghe), pour des raisons différentes.
Les Constructifs LR-UDI ont majoritairement choisi l'abstention (19) ou le vote contre (2), mais 12 ont voté pour.
Les députés ont également approuvé par 362 voix contre 174, la loi de programmation des finances publiques jusqu'en 2022, qui prévoit notamment un quasi-retour à l'équilibre budgétaire.
L'annonce des résultats a été accueillie dans l'hémicycle par des applaudissements debout de la majorité. En 2012, la première partie du projet de budget du quinquennat Hollande avait été votée par 319 voix contre 223 en première lecture.
Au nom du groupe LREM, Amélie de Montchalin a défendu un budget qui "permet de réconcilier ce qui a été trop longtemps opposé", notamment "le travail et l'investissement", vantant aussi sa "justice" et en même temps son "efficacité". "Nous agissons sur deux leviers: la feuille de paye et la feuille d'impôt", a-t-elle fait valoir.
Deuxième groupe de la majorité, le MoDem a voté "sans trembler" ce premier volet d'un projet de loi de finances de "transformation", selon son orateur Jean-Noël Barrot. Outre le retour à "une trajectoire saine des finances publiques", il a défendu la réforme de la fiscalité de l'épargne: "il fallait faire ce pari et nous l'assumons".
A droite, la LR Véronique Louwagie a salué notamment la suppression de l'ISF "même si nous regrettons son remplacement par l'impôt sur la fortune immobilière", mais déploré globalement un budget "insuffisamment courageux et excessivement injuste, qui fait de nombreux perdants", "propriétaires, retraités, classes moyennes" ou automobilistes, avec la hausse de la fiscalité sur le gazole.
La gauche a persisté dans son réquisitoire contre un budget considéré comme porteur de "cadeaux aux riches", notamment par la transformation de l'ISF en impôt sur la seule fortune immobilière.
Le socialiste Olivier Faure a dénoncé "un chèque en blanc sans aucune obligation imposée aux grands gagnants de ce loto fiscal", "un pari qui sera payé par les classes moyennes et populaires", "une faute que d'autres ont commises avant vous et dont vous ne tirez aucune leçon".
Pour Eric Coquerel (LFI), "ce budget est le plus inégalitaire de la Ve République" et institue "un bouclier du capital", avec "9 milliards pour les riches et des miettes pour 9 millions de pauvres". "Comment ce budget permettra-t-il à ceux qui peinent à boucler les fins de mois de vivre mieux ?", a renchéri le communiste Jean-Paul Dufrègne.
Côté non inscrits, tous les FN, dont Marine Le Pen, ont voté contre. Les trois nationalistes ont également rejeté ce texte, tandis que les trois élus issus du PRG, telle Sylvia Pinel, se sont abstenus.