BERLIN (Reuters) - L'inflation annuelle est redevenue positive en Allemagne en octobre après avoir été négative le mois précédent mais les pressions inflationnistes n'en demeurent pas moins extrêmement faibles dans la première économie européenne.
Cette évolution, couplée avec la désinflation qui frappe l'Espagne, est susceptible de maintenir la pression sur la Banque centrale européenne (BCE) pour qu'elle prenne de nouvelles mesures visant à faire remonter les prix à la consommation.
Harmonisés aux normes européennes, ces prix ont augmenté de 0,2% annuellement, le pourcentage le plus élevé depuis mai, après un recul équivalent le mois précédent, suivant les statistiques provisoires publiées jeudi par l'Office fédéral de la statistique.
L'inflation est supérieure au consensus des économistes interrogés par Reuters, qui la donnait à 0,1%, mais reste très éloignée de l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE), soit un tout petit peu moins de 2%.
"La BCE reste sous pression (pour agir) parce que ces données sont tellement faibles (...)", a estimé Ulrike Kastens, économiste chez Sal Oppenheim.
Depuis mars, la BCE achète pour 60 milliards d'euros d'actifs par mois, essentiellement des obligations souveraines, dans le but de faire remonter l'inflation, encourager le crédit et, de manière générale, stimuler l'économie.
Mais ce programme, qui court à ce stade jusqu'en septembre 2016, n'a guère eu d'effets, avec notamment un recul de 0,1% des prix à la consommation sur un an en septembre alors que l'objectif de la BCE est d'une inflation juste en-deçà de 2%.
De ce fait, la plupart des économistes pensent que la BCE va prendre de nouvelles mesures d'assouplissement en décembre.
Pour le mois d'octobre, les économistes anticipent des prix inchangés dans l'ensemble de la zone euro, après un recul de 0,1% en septembre. Les données en la matière sont attendues vendredi. En Espagne, ces prix ont baissé de 0,9% sur un an en octobre.
"L'inflation de la zone euro pourrait ressortir à 0,1% demain au lieu d'être inchangée, comme tout le monde s'y attendait la semaine dernière, mais ça reste faible", a dit Fabio Fois, économiste de Barclays (L:BARC).
Même si l'inflation devrait remonter une fois que les prix du pétrole se seront redressés, la faiblesse de la croissance des salaires en Allemagne et le bas niveau des anticipations des consommateurs devraient empêcher tout vif rebond des prix, estime Jennifer McKeown, économiste chez Capital Economics.
"De ce fait, nous voyons l'inflation allemande rester très modérée sur le moyen terme (...)", a-t-elle ajouté
L'Office a dit qu'il publierait la statistique définitive d'octobre le 12 novembre.
En données non harmonisées, l'inflation mesurée par les prix de détail ressort à 0,3% contre un consensus la donnant à 0,2%.
(Michelle Martin, avec Francesco Canepa, Wilfrid Exbrayat et Benoît Van Overstraeten pour le service français)