Le patron du groupe nucléaire Areva Luc Oursel a défendu jeudi un scénario de croissance du rôle et de la consommation de l'électricité afin de réduire celui des autres énergies, lors de son audition par le conseil national du débat national sur la transition énergétique.
"Pour nous, maîtriser la demande en énergie, réduire les importations d'énergies fossiles, diminuer les émissions de CO2, ces objectifs ne signifient pas du tout pour autant réduire la consommation d'électricité", a affirmé le dirigeant du groupe français.
"Et on peut même au contraire penser que l'électricité puisse jouer un rôle croissant et contributif à la transition énergétique", a ajouté M. Oursel, jugeant crédible un scénario de croissance de 2 à 3% par an "sans pour autant renoncer à des usages intelligents de cette électricité".
Les usages de l'électricité "se développent tous", a-t-il fait valoir, citant le numérique, la voiture électrique ou encore le transport urbain.
Plusieurs scénarios discutés dans le débat national reposent sur une baisse de la consommation de toutes les énergies, électricité comprise. L'engagement français et européen est un objectif global de réduire de 20% la consommation d'énergie en 2020 par rapport à 1990, et de 50% en 2050.
Le patron du numéro un mondial du nucléaire, qui a aussi une jeune division d'énergies renouvelables, a aussi défendu l'idée d'un modèle énergétique qui reste favorable à l'économie.
"La transition énergétique doit être un moteur de croissance. Ca ne doit pas à ce titre pénaliser la compétitivité des entreprises ou handicaper le pouvoir d'achat des ménages, ça doit contribuer à renforcer les filières industrielles existantes et à renforcer les nouvelles", selon M. Oursel.
Pour une entreprise, le coût de l'énergie représente en moyenne "la moitié du coût du travail, et le coût de l'électricité c'est la moitié du coût de l'énergie", a-t-il dit.
M. Oursel a défendu le modèle français de production centralisé, se disant "sceptique" sur l'opportunité d'autoconsommer localement l'électricité. Ce modèle "a permis une mise en commun des moyens de production et de transport, de diminuer les investissements et d'augmenter la sécurité du parc", a-t-il plaidé.
François Hollande a fixé l'objectif de ramener à 50% en 2025 la part du nucléaire dans l'électricité française. Mais le nombre de réacteurs nucléaires à fermer pour parvenir à ce taux, dépendra en grande partie de l'évolution de la consommation électrique hexagonale, qui a continué à augmenter depuis dix ans.