Research In Motion (RIM) jouera son avenir le 30 janvier avec le dévoilement de BlackBerry 10, la nouvelle génération de téléphones et de système d'exploitation avec lesquels le groupe canadien espère reprendre des parts de marchés abandonnées à ses concurrents Apple et Google.
Le groupe technologique canadien, qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il a été, a annoncé lundi la date du lancement de sa nouvelle plateforme "BB10" et des deux premiers smartphones de nouvelle génération. Cela représente toutefois un retard de trois ans par rapport aux objectifs initiaux.
Après une cure d'amaigrissement drastique --5.000 licenciements annoncés en juin, soit 30% de la masse salariale--, une action au plus bas depuis 2003 et l'arrivée d'une nouvelle équipe de direction, RIM s'apprête à jouer son va-tout: pour nombre d'observateurs, si BB10 ne séduit pas, la société mettra la clé sous la porte.
Empruntant à son grand concurrent Apple la grandiloquence des lancements de ses produits, Research in Motion indique que la présentation de sa nouvelle gamme se fera "simultanément dans plusieurs pays à travers la planète".
Le "BlackBerry Flow", "une nouvelle expérience qui permet une navigation intégrée à travers les applications", et le "BlackBerry Hub", qui regroupe en une application "tous les messages, notifications, fils d'informations et événements du calendrier", s'annoncent déjà comme les points forts des nouveaux téléphones canadiens.
Souvent vanté pour son aisance à écrire, BlackBerry annonce que sa nouvelle génération de clavier "apprendra comment vous écrivez et s'adaptera à votre manière de taper afin que vous puissiez écrire plus vite et plus précisément".
"Notre équipe a travaillé sans relâche pour apporter à nos clients des fonctions innovantes conjuguées au meilleur navigateur qui soit, à un écosystème riche en applications et à des fonctions multimédias de pointe", a déclaré le PDG Thorsten Heins.
nouvelle stratégie marketing
Ce dernier est arrivé en janvier à la barre du groupe en difficulté, à la suite de la démission des deux fondateurs et co-PDG, Jim Balsillie et Mike Lazaridis, qui s'accrochaient à la direction de RIM en dépit de ses piètres performances.
La première initiative de M. Heins a été de lancer une nouvelle stratégie marketing afin de modifier l'image du groupe aux Etats-Unis.
Depuis, il a modifié la communication, jusque-là souvent très hermétique, et accéléré la préparation du lancement de BlackBerry 10.
Ainsi, RIM indiquait la semaine dernière qu'il avait obtenu un certificat du gouvernement américain validant la sécurité informatique de BB10, ce qui donne le feu vert aux agences fédérales pour son utilisation.
Et au début du mois, le groupe canadien avait annoncé qu'une "étape cruciale" avait été franchie avec le lancement de la phase de test de BlackBerry 10 avec 50 opérateurs téléphoniques.
Ces efforts seront-ils suffisants pour empêcher une débâcle de la société canadienne qui compte 80 millions d'usagers dans le monde? Les analystes réservaient encore leurs jugements.
Dans une note publiée lundi, la firme de courtage Northern Securities recommandait une position "attentiste", les conditions devant "encore se détériorer".
Les analystes de la maison de courtage Jefferies soulignaient de leur côté que Microsoft, avec Windows 8, compte bien s'établir comme le troisième système d'exploitation pour appareils mobiles, aux dépens de RIM.
De fait, Jefferies continue d'évaluer le cours de l'action de la société canadienne à 5 dollars, bien en deçà des 8,80 dollars (+3,05%) qu'elle valait lundi vers 15H45 GMT à la Bourse de New York.