par Simon Carraud
PARIS (Reuters) - Manuel Valls a demandé jeudi à la Commission européenne de présenter à la mi-mars des propositions "fortes" pour résoudre la crise agricole, sous peine selon lui de menacer l'ensemble du projet européen, ce que l'institution a promis de faire.
Le Premier ministre a annoncé la semaine dernière de nouvelles mesures d'aide mais les agriculteurs, relayés en cela par le gouvernement, réclament également une réponse européenne, seule à même selon eux de traiter le mal par la racine.
"Nous demandons des mesures communautaires à la hauteur de la situation", a dit Manuel Valls après une rencontre avec le commissaire européen à l'Agriculture, Phil Hogan, en présence du ministre français de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.
"Sans cela (...), c'est le lien de confiance qui existe entre la France et l'Union européenne qui risque de se fissurer. L'Europe connaît déjà suffisamment de crises et de défis, menaces terroristes, crise des réfugiés, il ne (faudrait) pas que se rajoute une crise agricole majeure qui mettrait en cause le projet européen", a-t-il ajouté.
Selon lui, la Commission européenne et la France font désormais le même constat, celui d'une surproduction dans les secteurs du porc et du lait, et s'accordent sur la nécessité de prendre des initiatives pour enrayer la chute des cours, notamment en obtenant la levée de l'embargo sanitaire russe.
Lors d'une conférence de presse distincte, Phil Hogan s'est dit "conscient des graves difficultés que rencontrent les producteurs français et européens dans un certain nombre de secteurs".
"Et nous sommes convenus de la nécessité d'adopter toutes les mesures appropriées", a-t-il ajouté.
"ON VA TRAVAILLER"
Le commissaire européen a fait ce déplacement dans un climat électrique, après plusieurs semaines de manifestations des producteurs, notamment dans l'Ouest de la France, et à deux jours de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris.
Il prévoit de s'y rendre en milieu de semaine prochaine, avant le rendez-vous crucial du 14 mars à Bruxelles, lors de la réunion des ministres de l'Agriculture des Vingt-Huit.
"D'ici-là, on va travailler pour faire en sorte que la Commission puisse faire, dans le sens que nous souhaitons, des propositions", a déclaré Stéphane Le Foll à l'issue de la réunion à Matignon.
Les syndicats agricoles, la FNSEA en tête, demandent davantage d'outils de régulation des marchés, une solution à l'embargo russe qui les prive d'un débouché important et un meilleur étiquetage de la viande, des exigences proches des propositions françaises soumises à Bruxelles.
Pour désamorcer l'exaspération du monde agricole, le gouvernement a promis la semaine dernière de nouvelles aides sous la forme d'une baisse de sept points des cotisations sociales, un effort pour l'Etat évalué à 500 millions d'euros.
Manuel Valls a souligné qu'avec la baisse de trois points des cotisations famille en vigueur depuis janvier 2015, la baisse pour les agriculteurs était de dix points.
Le Premier ministre a précisé que les agriculteurs dont le revenu de l'an dernier avait été très faible pourraient bénéficier d'une "année blanche sociale".
Le région Bretagne a en outre annoncé lundi dernier de nouveaux crédits alloués la filière porcine, particulièrement frappée, portant le total des aides régionales pour 2016 à 30 millions d'euros.
(Avec Gus Trompiz, édité par Yves Clarisse)