par Jan Strupczewski et Gernot Heller
BADEN BADEN, Allemagne (Reuters) - Les ministres des Finances et banquiers centraux du Groupe des Vingt (G20) confirmeront leur engagement à éviter toute dévaluation compétitive, au vu du projet de communiqué dont Reuters a pris connaissance vendredi, lequel montre aussi qu'ils n'ont pas encore dégagé de position commune sur le protectionnisme et le commerce international.
Le projet de communiqué souligne à nouveau les risques liés à un marché des changes instable et les grands argentiers du G20 estiment par ailleurs que la politique monétaire continuera à oeuvrer à la croissance et à la stabilité des prix sans pouvoir à elle seule amener une croissance économique équilibrée.
Ministres et banquiers centraux auront sans doute du mal à adopter une position commune sur le protectionnisme alors que les Etats-Unis songent à imposer une taxe sur les importations.
"Nous répétons qu'une volatilité excessive et des mouvements désordonnés des taux de change peuvent avoir des implications préjudiciables pour la stabilité économique et financière", lit-on dans le projet de communiqué.
"Nous serons en contact étroit sur le marché des changes. Nous confirmons nos engagements précédents sur les taux de change et notamment que nous nous abstiendrons de toute dévaluation compétitive et que nous n'emploierons pas les taux de change à des fins concurrentielles."
Ces mots manquaient dans un précédent communiqué provisoire mais ils ont été réintégrés à la demande insistante de plusieurs gouvernements et institutions du G20 de façon à ne pas faire croire aux marchés qu'un changement de cap se préparait.
"La politique monétaire continuera de soutenir l'activité économique et d'assurer la stabilité des prix, conformément aux attributions des banques centrales, mais la politique monétaire ne peut à elle seule mener à une croissance équilibrée", est-il écrit dans le texte, qui reproduit là encore la position du G20 exprimée l'an passé.
En revanche, le document ne fait nulle mention du commerce international et du protectionnisme, rompant avec une tradition bien établie de promotion du libre-échange au sein du G20.
Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor des Etats-Unis, a dit jeudi à Berlin que les Etats-Unis n'avaient aucune intention de s'engager dans des conflits commerciaux mais entendaient réexaminer certaines relations d'affaires dans le sens d'une plus grande équité pour les travailleurs américains.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, dont le pays occupe la présidence tournante du G20, a dit lui que la tentation protectionniste des Américains pourrait obliger le G20 à omettre toute mention au commerce extérieur dans le communiqué final.
"Il y a des opinions divergentes à ce sujet", a déclaré Wolfgang Schäuble, faisant référence au slogan "America First" du président américain Donald Trump et de membres de son équipe.
"Il est possible que nous écartions explicitement la question commerciale à Baden Baden et déclarions qu'elle ne pourra être résolue que lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement" en juillet.
(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Bertrand Boucey)