Muriel Pénicaud a poursuivi mardi ses tête-à-tête avec les dirigeants syndicaux pour parler apprentissage et formation professionnelle, avant, dans la soirée, une réunion de l'intersyndicale, à la recherche d'une action commune, en novembre, pour peser sur les réformes.
Après Laurent Berger, numéro un de la CFDT reçu vendredi dernier -- qui avait estimé que la réforme de l'apprentissage démarrait sous de "bons auspices" -- le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a été reçu mardi matin par la ministre du Travail.
"Nous avons donné à la ministre les propositions de la CGT" sur une "formation de qualité" qui "n'est pas réservée à certains", ainsi que sur l'apprentissage, a-t-il expliqué en sortant.
"Nous à la CGT, on râle c'est vrai, mais on propose", a-t-il lâché. La réforme de l'assurance chômage, chantier le plus périlleux, n'a pas été évoquée, a-t-il précisé.
"Je confirme que cela n'est pas encore cadré du côté gouvernemental, à la fois sur la gouvernance, la manière de traiter la question des indépendants ou des démissionnaires ", a dit en sortant le patron de FO, Jean-Claude Mailly.
Alain Griset (U2P) sera reçu en fin d'après-midi mardi et le président du Medef Pierre Gattaz a rendez-vous mercredi matin.
Tous ont déjà été reçus par Emmanuel Macron et Edouard Philippe, selon la méthode éprouvée pour les ordonnances, avec à Matignon la présence aussi du ministre de l'Education Nationale Jean-Michel Blanquer, partie prenante des réformes apprentissage et formation.
Le Premier ministre présentera mercredi "la méthodologie" et le "programme de travail" des trois nouvelles réformes.
Pour l'instant, les partenaires sociaux ont compris qu'il y aurait une "négociation" interprofessionnelle sur la formation, une "concertation" pour l'apprentissage débutant à la fin du mois et plus tard une "réunion multilatérale" sur l'assurance chômage comme ils le réclamaient.
Sur la formation professionnelle, M. Mailly a confirmé qu'il y aura "tout début novembre un document d'orientation nous demandant si on veut négocier".
"On a connu moult réformes dans le domaine de l’apprentissage, de la formation professionnelle continue, ce que nous aimerions c’est que là ca soit la bonne réforme", a commenté le président de la confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) , François Asselin.
- 'Coup de semonce au gouvernement' -
A 18H00, les syndicats, qui avancent en ordre dispersé depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron, se retrouvent au siège de la CFDT.
Même si tous critiquent les premiers pas du gouvernement et certains points des ordonnances sur le travail, une première intersyndicale, le 9 octobre, avait échoué à décider d'une action unitaire. Les syndicats avaient simplement convenu de se revoir après les premières rencontres avec l'exécutif sur les nouvelles réformes.
La CGT a manifesté à trois reprises contre les ordonnances réformant le droit du travail, rejointe par Solidaires, mais la dernière mobilisation a nettement marqué le pas.
Seule les revendications de la fonction publique ont réussi à réunir l'ensemble des syndicats, le 10 octobre.
Comme Laurent Berger (CFDT), M. Mailly a été chahuté par sa base et a accepté le principe d'une mobilisation, "avant le débat sur la ratification (des ordonnances sur le travail, ndlr), donc avant la semaine du 20 novembre", a-t-il rappelé.
Le numéro un de la CGT a souhaité lui "une journée de mobilisation pour fédérer un peu tous les mécontentements". "Un coup de semonce au gouvernement", a-t-il résumé.
Philippe Louis, président de la CFTC, prévient: "Si cette intersyndicale va juste dans le sens de dire +quand est-ce qu'on fait une journée de manifestation+, ce se fera sans nous".
François Hommeril, le président de la CFE-CGC, souhaite les syndicats "arrivent à les exprimer" leurs "analyses communes".
Mais, "on est pas tous tenu à manifester dans la rue". "Il y a d'autres moyens, peut-être plus modernes, plus efficaces pour manifester notre unité", a-t-il glissé.
Entre les réunions au ministère et l'intersyndicale tomberont mardi de quoi alimenter les débats: les chiffres de Pôle Emploi pour le mois de septembre.