La CGT et la CFDT vont opposer leur veto à l'accord proposé par la direction de l'usine automobile Smart de Hambach (Moselle) visant à revenir aux 39 heures payées 37, et ce bien que 56% des salariés aient approuvé ce projet vendredi, a-t-on appris mardi auprès des deux syndicats.
"Nous considérons que la démarche de la direction est illégale et amorale. On ne peut pas contourner les syndicats, qui sont légitimes pour s'exprimer au nom des salariés", a dit à l'AFP Bernadette Hilpert, secrétaire générale de la CGT en Moselle-Est.
Les quelque 800 salariés de l'usine lorraine ont voté "oui" à 56%, vendredi, pour revenir dès l'an prochain aux 39 heures de travail hebdomadaires en échange d'un maintien de l'emploi jusqu'en 2020.
Mais ce scrutin interne a révélé un clivage parmi les salariés: si les cadres, employés, techniciens et agents de maîtrise ont été 74% à approuver l'accord, "les ouvriers ont voté +non+ à 61%. C'est ça qui nous a motivés pour maintenir notre opposition", a expliqué à l'AFP Didier Getrey, secrétaire de la CFDT Métallurgie en Moselle.
Le texte proposé par la direction vise à baisser le coût horaire du travail, afin de renforcer la compétitivité du site.
Le référendum interne n'avait cependant aucune valeur contraignante: la direction doit à présent poursuivre les négociations avec les syndicats, lesquels avaient majoritairement appelés à voter "non".
Une réunion de négociations, la première depuis la consultation de vendredi, est prévue mercredi après-midi sur place.
Les deux autres syndicats représentés dans l'entreprise, la CFE-CGC et la CFTC, n'ont pas encore fait connaître leur position. A eux deux, ils pourraient mathématiquement approuver l'accord puisqu'ils pèsent plus de 30% des voix des salariés (en l'occurrence, 46% à eux deux).
Mais la CGT et la CFDT ont annoncé qu'elles feraient usage du droit de veto que leur confère leur position majoritaire (plus de 50% des voix aux élections professionnelles, à elles deux).
"L'objectif principal de cet accord est de diminuer les salaires. Il est dommageable pour les salariés de Smart et pour l'ensemble du pays", a souligné Mme Hilpert.
"Le patronat fait pression pour qu'on revienne aux 39 heures, et nous ne voulons pas créer un précédent", a-t-elle ajouté.
La direction du site de Hambach, de son côté, s'est refusé à tout commentaire.