La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, table sur un paquet de cigarettes porté à 10 euros d'ici trois ans, a-t-elle annoncé jeudi, vantant une mesure nécessaire pour réduire drastiquement le tabagisme en France.
"Tout cela est en négociation, j'espère y arriver en trois ans", a-t-elle déclaré sur RTL.
"Tous les pays qui ont vu une baisse importante de leur tabagisme sont passés par des hausses notables des prix du tabac. Par exemple, les Anglais fumaient autant que nous (avec) 30% de prévalence du tabagisme en 2005. Ils sont maintenant à moins de 20% alors que nous sommes encore à 29%", a souligné la ministre.
Le Premier ministre, Édouard Philippe, a annoncé mardi, dans son discours de politique générale, une hausse progressive du prix du paquet de cigarettes, avec l'ambition de le porter à 10 euros, contre environ 7 euros actuellement.
"L'augmentation du prix des cigarettes d'un euro chaque année pendant 3 ans représente un manque à gagner fiscal pour l’État de 725 millions d'euros dès la première année et de 2,7 milliards à l'horizon 2020", assure Éric Sensi-Minautier, directeur des affaires publiques, juridiques et de la communication de British American Tobacco (LON:BATS) (BAT) France.
Selon lui, "la démonstration d'une efficacité d'un choc de prix sur la baisse de la consommation réelle des Français n'a toujours pas été faite" et "le précédent choc de prix de 2003-2004 n'a pas permis de réduire la prévalence tabagique en France", affirme-t-il.
Le délai de trois ans avancée par Mme Buzyn est nécessaire pour "mettre en place la traçabilité de la production au niveau des usines de tabac qui ne seront plus en France, et faire en sorte d'éviter que les buralistes se retrouvent totalement en déficit parce qu'il y aurait de la concurrence sauvage", a précisé le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, interrogé sur LCI.
Il ne s'agit pas de "faire une augmentation sans en mesurer les conséquences", a-t-il indiqué, tout en n'excluant pas que cette transition prenne moins de trois ans. "Ça peut être plus rapide".
Pour Bernard Gasq, président de la fédération des buralistes Ile-de-France, Oise, Seine-Maritime, "ce n'est pas sur trois ans que cette traçabilité doit être mise en oeuvre, mais avant toute hausse des prix du tabac".