L'Union européenne a adopté mardi pour la première fois une importante série de sanctions économiques contre la Russie pour contraindre le président Vladimir Poutine à cesser tout soutien aux entreprises de déstabilisation de l'Ukraine.
"Un accord politique a été trouvé sur le paquet de sanctions économiques" au cours d'une réunion des ambassadeurs des 28 à Bruxelles, a annoncé la porte-parole du service diplomatique de l'UE.
L'accord bloque l'accès aux marchés financiers de l'UE, interdit les ventes d'armes, de technologies sensibles dans le domaine de l'énergie et de biens à double usage militaire et civil. Il doit être publié au Journal Officiel de l'UE pour entrer en vigueur.
L'UE a également décidé mardi de bloquer les avoirs de quatre hommes d'affaires russes proche du président Poutine accusé de bénéficier de l'annexion de la Crimée ou de soutenir activement la déstabilisation de l'Est de l'Ukraine. Elle va aussi sanctionner trois sociétés dont une banque sur la base des mêmes accusations.
Les identités des personnes et des entités sanctionnées seront aussi publiées au Journal Officiel de l'UE. La liste noire de l'UE comprend déjà 87 personnes et 20 entités interdites de visas et dont les avoirs dans l'UE sont gelés.
L'objectif de ces sanctions a été confirmé lundi par les dirigeants français François Hollande, américain Barack Obama, allemand Angela Merkel, britannique David Cameron et italien Matteo Renzi: faire pression sur le président russe pour qu'il fasse fermer la frontière russo-ukrainienne afin d'empêcher les fournitures d'armements aux séparatistes en Ukraine et les amener à négocier avec le pouvoir à Kiev.
Les Européens veulent également sanctionner l'annexion de la Crimée en empêchant les investissements dans certains secteurs en Crimée et à Sébastopol, notamment la construction, les transports, les télécommunications et l’énergie, a précisé une source européenne proche des négociations.
C'est la première fois que l'Union européenne s'attaque aux milieux d'affaires proches du pouvoir en Russie et c'est un signal très clair de sa détermination à réagir pour sanctionner les opérations de déstabilisation en Ukraine, a-t-on souligné.
"Les dirigeants européens sont conscients des risques de représailles de la part du pouvoir en Russie, mais ils ont fait les arbitrages après un acte impardonnable et la manière dont il a été géré par le président Poutine", a assuré une autre source proche des négociations.
"Poutine va essayer de diviser les Européens, et son action sera un test pour l'unité de l'UE", a-t-elle conclu.
L'UE a durci sa position depuis le crash le 17 juillet d'un avion malaisien dans l'est de l'Ukraine, attribué à un tir de missile par les séparatistes prorusses. Ce drame, qui a coûté la vie à 298 personnes, a décidé les Européens à frapper l'économie russe, alors qu'ils étaient depuis des mois divisés à ce sujet.