Les cessions de blocs d'actions se multiplient à Bourse de Paris, signe que les actionnaires prennent leurs bénéfices après un très bon début d'année, sans que cela soit pour autant le signe d'une surchauffe des marchés.
Ces dernières semaines, ce sont au total plusieurs milliards d'euros qui ont été cédés sur la place parisienne.
Airbus (PARIS:AIR) a vendu des parts de Dassault Aviation, Eurazeo (PARIS:EURA) et Colony Capital d' Accor (PARIS:ACCP), la banque publique d'investissement Bpifrance de Valeo (PARIS:VLOF), Wendel (PARIS:MWDP) de Bureau Veritas (PARIS:BVI), PAI Partners d'Atos, ou encore Bolloré d'Havas.
"Les cessions de blocs sont en général corrélées au niveau des marchés actions. Or, le CAC 40 signe son meilleur trimestre depuis des années, donc il est assez naturel que les opérations se multiplient", explique Fabien Laurenceau, stratégiste actions chez le courtier Aurel BGC.
Les indices boursiers européens signent un parcours sans faute depuis le début de l'année, principalement grâce à la politique monétaire très généreuse de la Banque centrale européenne (BCE) et une économie qui relève la tête en zone euro.
Le CAC 40 a pris près de 18% au cours du premier trimestre et un grand nombre de valeurs parisiennes évoluent à leur plus haut historique.
"Les détenteurs d'actions se disent que les valorisations sont bonnes, ce qui les incitent à vendre", confirme Thierry Olive, responsable des marchés de capitaux chez BNP Paribas (PARIS:BNPP).
Les actionnaires présents sur le long terme, surtout si ce sont eux-mêmes des industriels ou même l'Etat, en profitent pour récupérer des fonds, mais conservent le plus souvent une participation dans l'entreprise.
"C'est une gestion du risque classique. Même si on pense que le marché peut continuer à monter, on a besoin de respiration et on se doit de prendre des bénéfices", selon M. Laurenceau.
Par ailleurs, les cessions peuvent être "la suite logique de toutes les introductions en Bourse observées depuis juin dernier", rappelle M. Olive.
Les fonds de capital-investissement qui ont mis en Bourse une société n'ont en effet le droit de vendre les actions restantes que six mois après l'opération. Ce type d'opérations s'observe toutefois plus en Europe et moins en France.
Et selon les analystes la dynamique devrait à peine faiblir, écartant tout risque de surchauffe du marché ou retournement de tendance durable.
Pour preuve, les volumes d'échanges sont toujours très étoffés sur le CAC 40 malgré les niveaux très élevés atteints.
- bonne perspective pour les introductions en Bourse -
En outre, les cessions d'actions ne connaissent aucun accroc en France. Certains comme Airbus ont même pu vendre plus de titres de Dassault Aviation que prévu.
"Je ne pense pas que le grand nombre de cessions d'actions soit un signal inquiétant. C'est plutôt rationnel", estime M. Olive, pour qui "cela devrait continuer puisque cela reste un très bon moment pour les investisseurs qui ont des actions à vendre".
Le nombre de cessions "n'est pas forcément de mauvais augure", signale de son côté Renaud Murail, gérant chez Barclays (LONDON:BARC) Bourse, pour qui cela montre surtout "qu'il y a une réflexion sur les niveaux de valorisation".
Sans compter que "pour les entreprises qui vendent des blocs cela correspond à des stratégies", ces fonds pouvant être utilisés ultérieurement pour des acquisitions par exemple, selon lui.
L'Etat pourrait en outre être un acteur de premier plan, puisque le gouvernement avait indiqué en octobre dernier vouloir céder 5 à 10 milliards d'euros d'actifs dans les 18 mois suivants.
Il a déjà vendu des parts dans Safran (PARIS:SAF) début mars et d'autres pourraient suivre.
Les cessions d'actions sont enfin de bon augure pour le marché des introductions en Bourse, les entreprises candidates pouvant espérer un bon niveau de valorisation.
"Le marché des cessions d'actions et celui des introductions en Bourse sont corrélés", rappelle M. Olive.
Et selon lui, pour ce qui est des introductions en Bourse en Europe, "le premier semestre devrait être meilleur que celui de l'année dernière", qui avait déjà été très favorable avec de grandes opérations.