PARIS (Reuters) - Le bond du nombre de demandeurs d'emploi en août fragilise la possible candidature à l'élection présidentielle de François Hollande, qui a fait de la baisse du chômage une condition pour se présenter, tout en galvanisant les candidats de droite.
Distancé dans tous les sondages, le chef de l'Etat s'est donné jusqu'à décembre pour annoncer sa décision mais il a envoyé des signaux clairs de sa volonté d'être candidat.
Après l'annonce lundi de la plus forte hausse du nombre de chômeurs depuis trois ans, le ministère du Travail a souligné l'impact des attentats et une tendance qui "demeure favorable", avec 24.000 demandeurs de moins depuis le début de l'année.
Les proches de François Hollande soulignent en outre que le taux de chômage a reculé de 0,3 point au deuxième trimestre, à 9,9%. A 9,6% pour la seule France métropolitaine, ce taux est son niveau le plus bas depuis l'automne 2012.
Mais le nombre de demandeurs d'emploi, publié chaque mois, est l'indicateur le plus commenté par les responsables politiques et celui qui devrait refléter, ou non, le souhait d'inverser la "courbe du chômage" exprimé par François Hollande.
Prié de dire si ces chiffres sonnaient le glas de la candidature de François Hollande, le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen a répondu sur BFM TV : "Je ne crois pas qu'on puisse décider d'une candidature à l'élection présidentielle sur ce seul critère".
Il a dans le même temps reconnu que "dans l'état actuel des choses", l'objectif de baisse du chômage n'était pas atteint.
LA DROITE ATTAQUE
Un échec - dans un contexte de baisse de l'euro face au dollar, de recul des prix du pétrole et de taux d'intérêt au plus bas - résumé par le président de l'institut d'études économiques COE-Rexecode, Michel Didier : "Aucun gouvernement dans le passé n'a eu un coup de bol aussi extraordinaire que tous ces facteurs favorables accumulés en même temps (...) et le résultat, c'est 1,3% de croissance" en 2016.
Dès la publication des chiffres du mois d'août, les candidats à la primaire de droite ont attaqué le chef de l'Etat.
Favori des sondages, Alain Juppé y a vu les "résultats désastreux qui signent l'échec total du gouvernement et de François Hollande". "Il faut un changement radical de politique économique", a-t-il ajouté sur son compte Twitter.
Nicolas Sarkozy a fustigé devant des journalistes "une politique économique en dépit du bon sens", marquée par la hausse des impôts et l'augmentation du nombre de fonctionnaires.
Face à une économie française "dans une situation d'urgence absolue", le changement de politique est "la seule alternative possible", a ajouté l'ancien chef de l'Etat.
L'ancien Premier ministre François Fillon, lui aussi candidat à la primaire, a jugé dans un communiqué que "l'explosion du chômage au mois d'août vient terrasser tous les pronostics du président de la République et de son gouvernement".
L'Unedic, gestionnaire de l'assurance chômage, avait pourtant mis du baume au coeur des soutiens de François Hollande la semaine dernière, en annonçant prévoir une baisse de 124.000 du nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A cette année.
(Jean-Baptiste Vey, avec Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)