Après sept jours d'une grève onéreuse des hôtesses et stewards et face à la menace d'un nouveau mouvement social, la direction d'Air France a tenté mardi de déminer la situation en proposant la reprise en août des négociations sur le futur accord d'entreprise.
"La direction a proposé de reprendre dès le mois d'août les négociations", a déclaré à l'AFP le service de presse de la compagnie qui a chiffré à environ 90 millions d'euros le coût de la grève.
Il s'agit d'"une prise de contact via un courrier envoyé par mail par le directeur des ressources humaines Gilles Gateau aux trois organisations syndicales représentatives" du personnel navigant commercial (PNC), le SNPNC-FO, l'UNSA-PNC et l'UNAC, a-t-on ajouté de même source.
Auparavant sur Europe 1, la secrétaire générale du SNPNC-FO, Christelle Auster avait évoqué cette proposition: "Nous n'avons pas eu de discussion pendant toute la durée du conflit mais nous avons reçu aujourd'hui même une lettre de la direction qui entend reprendre les discussions à la fin du mois d'août".
Mme Auster a exclu l'éventualité d'une reprise imminente du mouvement de grève, comme l'avaient laissé entendre lundi son syndicat et l'UNSA-PNC, réunis en intersyndicale, à l'origine de l'appel à la grève. Pour elle, la "priorité" est de "parvenir à un accord qui soit acceptable".
Mardi, le trafic revenait progressivement à la normale. La compagnie aérienne comptait faire voler 100% de ses vols long-courriers, sans limitation de capacité, et près de 90% de ses vols intérieurs. 85% des vols moyen-courriers devaient également être maintenus de et vers Paris-CDG.
A Roissy, 88% des vols étaient maintenus au total avec 78 vols annulés sur environ 295 au total (départ et arrivées), dont 100% des longs courriers, 85% des moyens courriers et 87% des courts courriers (Hop! opéré par du personnel Air France, ndlr), a précisé à l'AFP une source aéroportuaire.
- Grève "massive" -
A Orly, 26 vols sur 257 étaient annulés. "Il y a beaucoup moins d'impact (...). Il y a même des gens qui ne se présentent pas à l'aéroport alors que leur vol est maintenu. C'est très surprenant", a commenté la source aéroportuaire.
Dans un communiqué, l'intersyndicale SNPNC-FO et UNSA-PNC a accusé la direction de n'avoir "à aucun moment de ce mouvement de grève de 7 jours, cherché à négocier pour y mettre fin", et de s'être "acharnée à minimiser et pourrir le conflit" en jouant avec les dispositions de la loi, "non pour informer les passagers, mais pour dissuader les PNC de faire grève".
"Les hôtesses et stewards d’AF, par leur mobilisation massive, ont envoyé un message à la direction, dont celle-ci va être rapidement obligée de tenir compte", ont prévenu les syndicats en indiquant qu'ils réuniraient leurs instances d'ici à la fin de la semaine pour décider de la suite à donner à leur mouvement.
Le PDG de la compagnie, Frédéric Gagey, s'est défendu à plusieurs reprises d'avoir rompu le dialogue social, assurant avoir "tout fait" pour éviter la grève.
Mardi, il a évalué à environ "90 millions d'euros" le coût de la grève et estimé qu'elle avait touché 180.000 passagers d'Air France, dénonçant le "jusqu'au-boutisme" des syndicats. Il a déploré les répercussions du conflit sur "les résultats financiers" de la compagnie tout en assurant qu'elle aurait "un résultat d'exploitation positif en 2016 comme en 2015".
Les hôtesses et stewards protestent contre le renouvellement pour 17 mois de l'accord d'entreprise fixant leurs règles de travail, de rémunération et d'avancement, qui prendra fin le 31 octobre. Ils jugent cette durée insuffisante, tout comme les mesures proposées par la direction concernant notamment la réduction de la composition des équipages.
Le texte du nouvel accord d'entreprise négocié depuis mi-avril, n'a été signé par aucun syndicat représentatif.
Le 21 juillet, à l'issue d'une séance marathon de discussions, le SNPNC-FO et l'UNSA-PNC avaient maintenu leur préavis de grève, déposé début juin, qualifiant de "mesurettes" les propositions de la direction "arc-boutée sur la durée de l'accord".