Bouygues Telecom, plus durement touché que ses concurrents SFR et Orange par la guerre des prix lancée par Free sur le marché de la téléphonie mobile, anticipe déjà pour 2013 un nouveau repli de l'activité, après avoir clos son premier exercice déficitaire depuis dix ans.
"Le groupe le plus impacté en France c'est Bouygues Telecom!", a déclaré jeudi Martin Bouygues, patron de Bouygues, en commentant devant la presse les comptes de 2012 pénalisés par les mauvaises performances de la téléphonie.
Force est de constater que l'arrivée du quatrième opérateur champion du low cost a "profondément bouleversé le marché et fortement pesé sur la rentabilité" de la filiale Télécoms et de la maison-mère, a-t-il dit.
L'ancienne pépite de Bouygues qui était profitable depuis 2002, aura été la première victime de Free début 2012, avec un chiffre d'affaires en baisse de 9%, plus sévèrement affecté que ceux de SFR (-7,3%) et Orange (-5%).
Pour 2013, le groupe ne voit pas d'embellie et anticipe d'ores et déjà une réduction de l'activité Télécoms de l'ordre de 7%.
Particulièrement malmenée par la concurrence très agressive de Free qui "a pris en un an 7% du marché en volume" selon le PDG de Bouygues, la filiale accuse une perte nette qui a pesé 14 millions d'euros sur le résultat consolidé du groupe.
Le déficit net imputé aux comptes annuels de la filiale est même légèrement supérieur, à 16 millions d'euros.
Et si ce chiffre intègre les 152 millions liés au "plan d'adaptation" imposé par la nouvelle donne économique et commerciale, cette charge exceptionnelle est loin d'expliquer à elle seule un résultat opérationnel réduit à la peau de chagrin en l'espace d'un an (4 millions d'euros contre 600 millions en 2011).
Cette restructuration drastique qui oblige Bouygues depuis l'an dernier à réduire ses coûts et adapter ses offres à la nouvelle donne, vise à réaliser sur deux ans 300 millions d'économies dans la seule activité Mobile.
Et ce alors que la "simple modernisation et la maintenance du réseau existant lui coûte 500 millions d'euros par an", selon Martin Bouygues.
L'adaptation au nouveau paysage concurrentiel s'est déjà concrétisée par des cessions d'actifs, 542 départs volontaires, et une "rationalisation des offres et des services".
"Toutes les mesures ont été très strictement mises en oeuvre", dans le calendrier prévu, se félicite M. Bouygues.
Et avec 151 millions d'économies déjà réalisées sur la première année, la totalité du plan est "sécurisée" pour la fin 2013, assure le PDG sans préciser comment le groupe entend générer d'ici à décembre les 150 millions d'économies restants.
Il met toutefois en avant la "bonne résistance commerciale" de la branche télécoms, longtemps considérée comme la "machine à cash" du groupe" et qui vient d'être recapitalisée de près de 700 millions.
La filiale qui s'emploie à reconquérir les clients perdus est ainsi parvenue à stabiliser son parc total de clients mobiles à 11,3 millions au 31 décembre.
Au quatrième trimestre, 285.000 nouveaux abonnés forfaits l'ont rejoint pour une croissance nette totale de 318.000 clients sur l'ensemble de l'année. Sur la même période, l'arme anti-Free, la marque à bas coûts B&YOU, lui a également permis de rallier 453.000 nouveaux clients pour un parc total de 1.078.000 clients.
Enfin, elle continue sa progression sur le marché du Haut Débit Fixe et totalisait sur ce segment un parc total de 1,8 million de clients à fin 2012.