Un collectif de journalistes et personnalités, dont Elise Lucet, Fabrice Arfi et le secrétaire général de RSF, ont appelé le CSA, qui doit auditionner jeudi le patron de Vivendi (PARIS:VIV) et de Canal+ Vincent Bolloré, à protéger l'indépendance éditoriale de la chaîne.
Dans une tribune parue mercredi dans Le Monde, les membres du collectif "Informer n'est pas un délit" interpellent le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Ils estiment que "le principe d'indépendance des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l'actionnaire principal du groupe Canal+, Vincent Bolloré".
Le collectif demande au gendarme de l'audiovisuel d'interroger Vincent Bolloré sur les différents dossiers qui ont secoué Canal+ ces dernières semaines.
Cette audition, une première depuis que l'homme d'affaires a pris le contrôle au printemps du groupe et de son pôle télé, imposant une série de changements, a été décidée "d'un commun accord" avec M. Bolloré, avait indiqué à l'AFP la semaine dernière une source proche du dossier,
Elle devrait aborder tous les sujets concernant les chaînes du groupe et le respect de leurs engagements envers le CSA (indépendance, diversité des programmes...). Un "tour d'horizon de sa stratégie", où tout pourra être abordé, selon la même source.
Parmi les questions sensibles que les sages du CSA pourraient poser, celle d'une enquête de "Spécial Investigation" de Canal+ sur le Crédit Mutuel, banque partenaire de Vivendi, un documentaire que Vincent Bolloré aurait personnellement fait déprogrammer en mai, selon Mediapart.
Ces personnalités, dont Elise Lucet, Fabrice Arfi et le secrétaire général de Reporters sans frontières Christophe Deloire, demandent également qu'une "charte garantissant l'indépendance éditoriale des chaînes du groupe soit annexée à la convention du groupe Canal+".
Depuis son arrivée, Vincent Bolloré a imposé sans ménagement une série de changements au sein du groupe Canal+ : le remplacement des dirigeants de Canal+, D8, D17 et iTélé, les nouveaux noms annoncés pour D8, D17 et iTélé (rebaptisées C8, C17 et CNnews), l'éviction "des Guignols de l'Info" de la grille en clair de Canal+ ou encore la déprogrammation de magazines d'information.
Le changement de nom d'une chaîne doit recevoir l'accord du CSA.
Le CSA auditionne régulièrement les dirigeants de chaînes, au moins une fois par an, sur leur bilan. Chaque chaîne a signé une convention avec le gendarme de l'audiovisuel, disponible sur le site du CSA. Celle d'iTélé exige notamment une "indépendance de l’information, notamment à l’égard des intérêts de ses actionnaires".