La Bourse de New York a fini en forte baisse lundi, victime d'un mouvement de ventes porté par des inquiétudes sur un possible décalage entre la force du rebond récent du marché et le calendrier de la reprise économique: le Dow Jones a perdu 2,00% et le Nasdaq 2,75%.
Le Dow Jones Industrial Average a abandonné 186,06 points à 9.135,34 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 54,68 points à 1.930,84 points, selon des chiffres définitifs de clôture.
L'indice Standard & Poor's 500, à la composition plus large, a reculé de 2,43% (24,36 points) à 979,73 points.
Accusant de fortes pertes dès l'ouverture, Wall Street a été victime "d'un large mouvement de ventes qui a infligé au S&P 500 sa plus forte baisse en un mois", a constaté Scott Marcouiller, de Wells Fargo Advisors.
Le mouvement de baisse avait commencé lundi sur les places boursières d'Asie, où les investisseurs ont fait part de leurs inquiétudes sur les économies chinoises et japonaises, a poursuivi l'analyste.
Les marchés d'Asie-Pacifique, puis les places européennes dans leur sillage, ont subi des replis importants, comme à Shanghai, qui a chuté de 5,79% en clôture en raison d'inquiétudes persistantes sur l'économie chinoise et des résultats d'entreprises décevants.
"Ceux qui parient à la hausse ont succombé au retour des craintes selon lesquelles le récent sursaut des marchés boursiers, sur fonds de signes de reprise de l'économie, a peut-être dépassé la réalité de l'économie mondiale", ont expliqué les analystes de Charles Schwab.
Les valeurs financières, minières et industrielles, qui ont largement profité du rebond du marché depuis plusieurs mois, ont été parmi les premières victimes du repli boursier.
Les chutes du producteur d'aluminium Alcoa (-6,48%), du fabricant d'engins de chantier Caterpillar (-4,46%) ou encore du conglomérat industriel General Electric (-4,02%) ont pesé sur l'indice Dow Jones.
Bank of America a cédé de son côté 4,77% à 16,56 dollars. La valeur a tout de même plus que quintuplé depuis début mars, quand elle valait à peine plus de 3 dollars. JPMorgan Chase a lâché 4,05% à 40,73 dollars.
Pour Gregori Volokhine, de Meeschaert New York, les investisseurs pourraient avoir anticipé une baisse à venir, encaissant les profits engrangés depuis les plus bas du mois de mars. Ainsi depuis sa clôture du 9 mars, où il avait terminé à son plus bas depuis douze ans, le Dow Jones avait récemment repris plus de 40%.
"Cela fait des semaines qu'il y a un argument qui circule sur le marché: il y a eu une belle hausse, le marché n'a pas vraiment de raison de la corriger, mais il faut faire attention au mois de septembre, traditionnellement dangereux pour les marchés", a rapporté l'analyste.
Venant s'ajouter à l'environnement morose, le groupe de ventes d'articles de bricolage et d'intérieur Lowe's (-10,34% à 20,47 dollars) a publié des résultats inférieurs aux attentes, qui ont aussi affecté son concurrent Home Depot (-3,80% à 26,11 dollars), qui doit publier ses résultats mardi.
Le groupe de services financiers en difficultés CIT a reculé de 3,55% à 1,36 dollar, après avoir vu ses notes principales dégradées dans la catégorie "SD" des entreprises en défaut de paiement par Standard & Poor's, malgré le succès de son offre de restructuration d'une tranche de sa dette. Selon l'agence de notation, CIT fait toujours face à un risque élevé de dépôt de bilan.
Les valeurs pharmaceutiques ont en outre résisté: Pfizer est monté de 0,70% et Merck n'a lâché que 0,32%, sur fond de rumeurs que l'administration Obama pourrait abandonner son projet de réforme de la santé, face à une forte opposition.
Le titre de la banque régionale BB&T a baissé de 6,38% à 26,43 dollars. L'établissement a changé de périmètre vendredi en reprenant l'essentiel des actifs de la Colonial Bank, fermée par les autorités. C'est la plus grosse faillite bancaire de l'année.
Indicateur-clé publié lundi aux Etats-Unis, l'activité industrielle dans l'Etat de New York s'est améliorée pour la première fois depuis plus d'un an, selon l'indice Empire State, qui s'est établi pour le mois d'août à son plus haut niveau depuis novembre 2007.
Le marché obligataire a profité de la prudence des investisseurs. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a reculé à 3,491% contre 3,558% jeudi soir, et celui du bon à 30 ans à 4,348% contre 4,406%.