Un proche conseiller du président brésilien Michel Temer a démissionné mercredi après avoir été accusé par un ancien dirigeant du groupe de BTP Odebrecht, au coeur du scandale Petrobras, d'avoir servi d'intermédiaire à des financements illégaux pour la campagne de l'actuel chef de l'Etat.
Dans une lettre adressée à M. Temer -que cette démission fragilise un peu plus- et diffusée par la présidence, l'avocat José Yunes, ami personnel de M. Temer depuis 50 ans, nie ces accusations et déplore voir son nom "traîné dans la boue par une abjecte délation, faite par quelqu'un que je ne connais pas".
La révélation de ces "dons" a été faite au parquet fédéral par Claudio Melo Filho, l'un des 77 anciens dirigeants et cadres de Odebrecht qui ont signé des accords individuels de collaboration avec les enquêteurs de l'affaire Petrobras.
Ex-vice président des relations institutionnelles de Odebrecht, M. Melo Filho a affirmé qu'en 2014 le groupe a donné dix millions de réais (trois millions d'euros) pour des campagnes du PMDB (centre-droit), dirigé par Temer.
De ce montant, quatre millions de réais ont été remis en espèce à M. Yunes, dans son cabinet, selon le témoignage de M. Melo Filho qui a filtré dans la presse.
Le témoignage de M. Melo Filho implique le président Temer -qui a "rejeté avec véhémence" ces "fausses accusations" dans un communiqué de la présidence- ainsi que plusieurs de ses ministres et des parlementaires de premier plan ou de la base du gouvernement qui nient en bloc toute conduite illicite.
Depuis qu'il a remplacé la présidente de gauche Dilma Rousseff, écartée en mai puis destituée en août au terme d'une procédure controversée, M. Temer a déjà perdu six ministres et maintenant son proche conseiller, la plupart suite à des dénonciations pour corruption.
M. Melo Filho a accusé d'autres dirigeants du PMDB et notamment le président du Sénat, Renan Calheiros, d'avoir reçu de l'argent de Odebrecht qui avait formé un cartel avec ses concurrents pour truquer les juteux marchés de sous-traitance de Petrobras.
Les accusations des ex-dirigeants d'Odebrecht en échange de remises de peine, négociées dans le plus grand secret ces derniers mois, font trembler toute la classe politique et viseraient au moins 130 hommes politiques de tous bords.