Les activités de la compagnie minière brésilienne Samarco ont été suspendues jusqu'à nouvel ordre dans tout l’État de Minas Gérais (sud-est) où la rupture de deux de ses barrages a libéré jeudi un tsunami de boue meurtrier.
Samarco, détenue à parts égales par les géants miniers brésilien Vale et australien BHP Billiton, "ne pourra reprendre ses activités qu'après l'enquête et l'adoption de mesures de réparation des dégâts provoqués", a précisé une porte-parole du secrétariat à l'Environnement de Minas Gérais interrogée par l'AFP.
Deux barrages de déchets de Samarco se sont rompus jeudi pour des raisons encore inexpliquées, libérant une gigantesque coulée de boue qui a totalement englouti le village voisin de Bento Rodrigues (620 habitants).
Andrew Mackenzie, le président de BHP Billiton, le plus grand groupe minier mondial, a annoncé dans un communiqué qu'il se rendrait "cette semaine" sur place.
Il souhaite "rencontrer l'équipe de Samarco, les autorités et les habitants pour comprendre de première main les conséquences humaines, environnementales et opérationnelles de l'incident".
"Samarco n'est autorisée qu'à mener des actions d'urgence, c'est à dire uniquement destinées à minimiser l'impact de la rupture de ses barrages et à prévenir de nouveaux sinistres", a indiqué le secrétariat à l’Environnement de l’État de Minas dans un communiqué.
Le dernier bilan fourni lundi par les pompiers fait état de quatre morts avérés et d'une vingtaine de disparus, dont les chances d'être retrouvés vivants s'amenuisent d'heure en heure.
"Il y a deux corps identifiés et deux autres encore non-identifiés à la morgue. Nous poursuivons les recherches, nous ne renonçons pas" à trouver des survivants, a déclaré à l'AFP le major Rubem da Cruz, du corps des pompiers militaires.
Au total, ce sont près de 60 millions de mètres cubes de boue ocre de résidus de minerai de fer qui se sont déversés, parcourant plus de 100 kilomètres de distance.
Ce tsunami de boues gluantes a atteint plusieurs localités et s'est déversé dans des rivières.
Selon les médias brésiliens plus de 500.000 habitants de la région pourraient être privés d'eau potable.
Le parquet de Minas Gérais a de son côté recommandé à Samarco d'adopter une série de mesures d'urgence pour venir en aide aux personnes affectées par la catastrophe "afin qu'elles puissent reprendre le cours de leur vie", a indiqué à l'AFP le procureur de Mariana, Guilherme de Sa Meneghuin.
Il est notamment intimé à Samarco de verser un salaire minimum (207 dollars) à chaque famille ayant perdu son logement. Et de fixer un délai pour transférer les 601 personnes qui se sont retrouvées sans domicile des hôtels où elles ont été hébergées provisoirement vers des appartements ou des maisons.
- "Catastrophe annoncée" ? -
Le parquet demande aussi à Samarco d'établir un plan d'indemnisation des victimes.
"Nous tentons de résoudre cette situation à l'amiable, mais si Samarco refuse nos recommandations, alors nous déclencherons une action en justice", a averti le procureur.
Samarco n'a pas fourni jusqu'à présent d'explications sur les causes du drame. Elle a promis des enquêtes interne et externe.
L'entreprise minière avait assuré la semaine dernière que le barrage principal qui a cédé avait été inspecté en juillet dernier et présentait "des conditions totales de sécurité".
Son plan d'urgence en cas d'accident ne prévoyait pas l'utilisation d'une sirène pour prévenir les habitants, ce qui aurait pu limiter les pertes humaines.
"C'est améliorable. Nous allons devoir tirer beaucoup de leçons de ce que nous venons de vivre", avait reconnu son président.
Les actions de BHP ont chuté de plus de 5% lundi à la Bourse de Londres, à leur plus bas niveau depuis sept ans, tandis que celles de Vale, qui avaient lourdement plongé vendredi, ont limité leurs pertes à un peu plus de 1% lundi à la Bourse de São Paulo.
Des analystes de Deutsche Bank ont estimé que "Samarco pourrait rester fermée pendant dix ans et que le coût du nettoyage du sinistre pourrait dépasser un milliard de dollars".
Un petit groupe de survivants a manifesté lundi contre Samarco et Vale devant la mairie de Mariana, pour dénoncer "une catastrophe annoncée".