Corée du Sud : le business moribond de la viande de chien

Publié le 27/04/2016 11:42
Un chien en cage montré aux médias par la HSI (Humane Society International)à Wonju, en Corée du Sud, le 27 avril (Photo Ed Jones. AFP)

Un chien en cage montré aux médias par la HSI (Humane Society International)à Wonju, en Corée du Sud, le 27 avril (Photo Ed Jones. AFP)

"C'est une activité qui se meurt", lâche Gong In-Young, contemplant le spectacle de défenseurs des droits des animaux américains en train de fermer les cages de l'élevage de chiens qu'il destinait à la consommation humaine depuis dix ans.

Près de 200 chiens, parmi lesquels des huskies de Sibérie, des rottweilers, des tosas japonais, des golden retrievers et des jindo coréens, tournent en rond dans leur cage et aboient furieusement à la vue des sauveurs venus à leur rescousse mercredi.

Les chiens de l'élevage de M. Gong, l'un des milliers que compte la Corée du Sud, est le cinquième du genre -et le plus grand- à être fermé par la Humane Society International (HSI), association dont le siège est aux Etats-Unis.

Les animaux y étaient élevés spécifiquement pour la consommation humaine, confinés dans leurs cages de leur naissance jusqu'à ce qu'ils soient abattus.

D'après les estimations, les Sud-Coréens mangent entre 1,5 et 2,5 millions de chiens chaque année mais le secteur est en déclin, les jeunes générations ne goûtant guère la viande canine.

M. Gong ne regrette pas trop de tourner la page. "Dans le passé, les gens mangeaient du chien car il n'y avait rien d'autre, mais aujourd'hui, les jeunes n'ont pas besoin d'en manger. Ca devient bizarre".

-Des goûts qui changent-

D'après un sondage de l'institut Gallup Korea, seuls 20% des hommes d'une vingtaine d'années avaient mangé du chien au cours de l'année 2015, contre 50% de cinquantenaires et sexagénaires.

Les chiens sont de plus en plus appréciés, mais comme animaux de compagnie, ce qui contribue aussi en bonne partie à réduire la demande de viande canine.

L'année dernière, la HSI avait sauvé 225 chiens et fermé quatre élevages dans le cadre d'une politique "constructive et collaborative" pour éradiquer un secteur longtemps sous le feu des critiques des défenseurs des animaux du monde entier.

La plupart des chiens sont envoyés aux Etats-Unis ou au Canada pour y être adoptés.

Un éleveur reçoit jusqu'à 60.000 dollars, en fonction du nombre de ses chiens, pour fermer définitivement son affaire, somme destinée à lui permettre de lancer une activité plus "humaine", telle que la production de myrtilles ou de poivrons verts.

Avec ses opérations très médiatiques, la HSI cherche à sensibiliser l'opinion publique à la cruauté des fermes d'élevage et "ouvrir un dialogue avec les décideurs sud-coréens", explique Andrew Plumbly, chargé de cette campagne chez l'organisation.

-Le projecteur olympique-

La Corée du Sud se prépare à accueillir les jeux Olympiques d'hiver de 2018 et la publicité internationale entourant l'événement est l'occasion de militer pour des changements, dit-il.

"Les projecteurs vont se braquer en partie sur le marché de la viande de chiens, si bien qu'ils pourraient ressentir des pressions. Espérons qu'ils réagissent de manière constructive".

Les autorités sud-coréennes sont sensibles à la publicité négative qui entoure cette industrie. Les restaurants de viande de chien de Séoul avaient été fermés pour les JO d'été de 1988.

M. Gong s'est lancé il y a dix ans un peu par hasard dans la viande de chien, après plusieurs échecs dans d'autres secteurs. Il reconnaît qu'il n'a "jamais été fier" de son activité, qui ne lui fournissait jamais qu'un revenu modeste.

Une année normale, il vendait environ 200 chiens, au prix moyen de 200 dollars, pour un revenu brut avoisinant 40.000 dollars.

"Je me suis rendu compte que les chiens seraient beaucoup plus heureux si je changeais d'avis", raconte-t-il tandis que Snow, son propre animal de compagnie, se promène dans les rangées de cages remplies d'animaux attendant leur départ.

En Corée du Sud, il n'est pas nécessaire d'obtenir une licence spéciale pour ouvrir un élevage de chiens destinés à la boucherie. Les autorités vérifiaient régulièrement que les voisins n'étaient pas dérangés ou que les déjections étaient correctement traitées, dit toutefois M. Gong.

Quand on lui demande de comparer la vie de Snow et celle des canidés emprisonnés, il répond: "C'est la différence entre le paradis et l'enfer".

Derniers commentaires

Installez nos applications
Divulgation des risques: Négocier des instruments financiers et/ou des crypto-monnaies implique des risques élevés, notamment le risque de perdre tout ou partie de votre investissement, et cela pourrait ne pas convenir à tous les investisseurs. Les prix des crypto-monnaies sont extrêmement volatils et peuvent être affectés par des facteurs externes tels que des événements financiers, réglementaires ou politiques. La négociation sur marge augmente les risques financiers.
Avant de décider de négocier des instruments financiers ou des crypto-monnaies, vous devez être pleinement informé des risques et des frais associés aux transactions sur les marchés financiers, examiner attentivement vos objectifs de placement, votre niveau d'expérience et votre tolérance pour le risque, et faire appel à des professionnels si nécessaire.
Fusion Media tient à vous rappeler que les données contenues sur ce site Web ne sont pas nécessairement en temps réel ni précises. Les données et les prix sur affichés sur le site Web ne sont pas nécessairement fournis par un marché ou une bourse, mais peuvent être fournis par des teneurs de marché. Par conséquent, les prix peuvent ne pas être exacts et peuvent différer des prix réels sur un marché donné, ce qui signifie que les prix sont indicatifs et non appropriés à des fins de trading. Fusion Media et les fournisseurs de données contenues sur ce site Web ne sauraient être tenus responsables des pertes ou des dommages résultant de vos transactions ou de votre confiance dans les informations contenues sur ce site.
Il est interdit d'utiliser, de stocker, de reproduire, d'afficher, de modifier, de transmettre ou de distribuer les données de ce site Web sans l'autorisation écrite préalable de Fusion Media et/ou du fournisseur de données. Tous les droits de propriété intellectuelle sont réservés par les fournisseurs et/ou la plateforme d’échange fournissant les données contenues sur ce site.
Fusion Media peut être rémunéré par les annonceurs qui apparaissent sur le site Web, en fonction de votre interaction avec les annonces ou les annonceurs.
La version anglaise de ce document est celle qui s'impose et qui prévaudra en cas de différence entre la version anglaise et la version française.
© 2007-2025 - Fusion Media Ltd Tous droits réservés