Dans les magasins, les Vénézuéliens craignent de nouvelles pénuries

Publié le 25/08/2018 08:45
Des clients sortent après des courses dans un supermarché à Caracas le 23 août 2018 (Photo Federico PARRA. AFP)
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Des clients sortent après des courses dans un supermarché à Caracas le 23 août 2018 (Photo Federico PARRA. AFP)

Dans un supermarché de Caracas, une femme empoigne 12 litres de lait. "Plus tard, il n'y aura plus rien", murmure-t-elle en remplissant nerveusement son caddie. Elle craint que la pénurie ne s'aggrave encore au Venezuela après une nouvelle offensive du gouvernement pour contrôler les prix.

Cinq grandes chaînes de magasins ont été sanctionnées pour "spéculation". Dans d'autres établissements, des gérants ont été menottés pour avoir augmenté les prix. Ces mesures visent à freiner l'hyperinflation qui devrait atteindre 1.000.000% fin 2018 par le FMI.

Les sanctions contre Caracas ont entraîné de longues files d'attente de personnes qui cherchent à s'approvisionner en produits contrôlés. Le riz, la farine de maïs, produits de base au Venezuela, manquent toujours dans les rayons. Les œufs, la volaille et la viande de bœuf se raréfient et quiconque peut se le permettre remplit son panier de lessive en poudre, de beurre et de mayonnaise.

Adriana Ayesterán a l'impression de revivre "la même histoire", lorsqu'elle se rappelle les mesures prises depuis 2013 pour obliger les grandes chaînes à baisser leurs prix.

"L'histoire se répète", note, sceptique, cette ingénieure en informatique de 36 ans à la sortie d'un magasin où elle a acheté quatre plaquettes de beurre.

Elle se méfie de la prise d'assaut des magasins qui, par le passé, a entraîné une pénurie d'aliments et de biens. "Le gouvernement ne sait pas quelles mesures appliquer pour améliorer la production", souligne-t-elle.

- "Contre-attaque" -

La Direction nationale pour la défense des droits socio-économiques (Sundde) est chargée, avec les forces armées, de faire respecter les mesures du gouvernement, ce qui implique des contrôles, des arrestations et des procédures administratives contre les magasins.

Tenter de "s'en prendre" aux chefs d'entreprise pour "dompter" le marché "est la recette parfaite pour aboutir à un échec prodigieux", affirme Luis Vicente León, expert au cabinet Datanálisis.

Le leader socialiste Nicolás Maduro accuse les dirigeants d'entreprise de spéculer "sans rime ni raison". "Nous menons une grande contre-attaque face aux spéculateurs et aux voleurs", a-t-il déclaré.

La Sundde a annoncé des sanctions qui obligent les entreprises à maintenir les mêmes prix qu'en juillet.

Martina passe en revue les rayons à moitié vides. Pour cette retraitée de 72 ans, même les prix fixés par le gouvernement "flanquent un coup à (son) porte-monnaie".

La "contre-attaque" du gouvernement vise à faire respecter un prix fixe sur 25 produits de base. Dix de ces 25 produits sont en rupture de stock dans les rayons.

"Aucun prix n'a baissé, ils sont même plus élevés", affirme Nataly Cervera à la sortie d'un supermarché de Chacao dans l'est de Caracas. Cette chômeuse de 21 ans se prépare à quitter le pays.

- "Ça na va pas suffire" -

Les mesures pour contrôler les prix sont toutefois soutenues par des clients comme José Benítez, un commerçant de 46 ans qui en a profité pour acheter deux kilos de lessive "un peu moins cher". Pour lui, le pays est une "bombe à retardement" en raison du coût élevé de la vie.

Le président Nicolás Maduro a lancé lundi un "plan de relance économique" qui prévoit la mise en circulation de nouveaux billets - avec cinq zéros en moins -, l'augmentation de plus de 3.400% du salaire minimum et une dévaluation de 96%.

"Les critiques viennent de tous les côté (...) Nous attendons de voir ce qui va se passer, si la situation s'améliore ou si elle empire, s'il faut partir ou rester, si la terre recommence à trembler", plaisante José en faisant allusion au séisme de magnitude 7,3 qui a secoué le pays cette semaine, sans faire de victime ni de dégâts conséquents.

Les Vénézuéliens comme José préfèrent s'accrocher à leurs espoirs. "J'espère que les choses vont s'améliorer pour le bien de tous, pour que ceux qui sont partis à l'étranger, faute de travail, reviennent".

Avec une poignée de vivres réparties dans deux sacs, Gladys de Vargas, une coiffeuse de 56 ans, se plaint du peu qu'elle a pu acheter. "Quoi qu'ils fassent, ça ne va pas suffire. Il n'y a plus rien. Plus de viande, plus de fruits".

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