Des camions de ciment destiné au secteur privé sont entrés lundi matin à Gaza, les premiers depuis qu'Israël avait interdit leur entrée il y a près de deux mois, a indiqué un responsable palestinien à l'AFP.
"Depuis tôt ce matin, les Israéliens ont autorisé l'entrée de ciment dans la bande de Gaza pour la première fois depuis le 3 avril", a affirmé Raëd Fattouh, en charge de la coordination du passage de biens côté gazaoui.
"Nous attendons 90 camions transportant environ 3.200 tonnes de ciment, conformément au mécanisme mis en place par l'ONU, et le transport se poursuivra tous les jours de la semaine", a-t-il ajouté.
Dimanche, l'organisme du ministère israélien de la Défense en charge des activités dans les Territoires occupés avait annoncé que "conformément à une évaluation en matière de sécurité et aux accords obtenus avec la communauté internationale", les importations de ciment étaient de nouveau autorisées.
Début avril, Israël avait suspendu les importations de ciment dans la bande de Gaza accusant un haut responsable du Hamas, le mouvement islamique qui contrôle la bande de Gaza, d'avoir détourné une partie de ce ciment à des fins militaires.
Cette décision israélienne ne concernait que le ciment destiné au secteur privé et non pas à l'ONU et aux organisations internationales, avaient affirmé les responsables israéliens.
L'envoyé spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, Nickolay Mladenov, a salué la reprise des importations de ciment et insisté sur le fait que "les défis humanitaires restent importants", appelant à "mener tous les efforts possibles pour résoudre les crises du logement, de l'électricité et de l'eau". Depuis 2009, a-t-il rappelé dans un communiqué, l'ONU réclame "une levée totale de toutes les restrictions imposées à la bande de Gaza".
Le ciment, à l'instar de tous les matériaux de construction, est une marchandise très convoitée dans la bande de Gaza, ravagée entre 2008 et 2014 par trois guerres dont la dernière en date a détruit ou endommagé des dizaines de milliers de bâtiments et d'infrastructures.
Israël surveille très étroitement les entrées de matériaux, de crainte qu'ils ne soient détournés à des fins militaires par le Hamas pour creuser des tunnels reliant la bande de Gaza au sud d'Israël.
Après la guerre de 2014, un mécanisme impliquant l'Autorité palestinienne, Israël et l'ONU a été mis en place pour acheminer les matériaux et veiller à ce qu'ils aient bien une finalité civile.
Pour les Palestiniens, même en cas de levée du blocus imposé depuis 10 ans par Israël autour de la bande de Gaza, la reconstruction prendrait cinq ans. Pour le moment, seules 1,2 million de tonnes de matériaux de construction sont entrées à Gaza depuis la mise en place du mécanisme de surveillance et de coordination de l'ONU.
Plus de 75.000 personnes sont toujours déplacées depuis la guerre il y a près de deux ans, selon l'ONU.