Le groupe de BTP Vinci a décroché un mégacontrat de près de 8 milliards d'euros pour la construction et l'exploitation pendant cinquante ans de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux, qui permettra de mettre Bordeaux à 02H05 de Paris fin 2016.
Le contrat de concession doit être signé à l'été, sauf imprévu. Les travaux, qui débuteront l'an prochain, devraient créer 12.000 emplois par an.
Le consortium piloté par Vinci, associé à la Caisse des dépôts et à Axa, était opposé à des groupements menés par ses deux grands rivaux du BTP français, Bouygues et Eiffage.
Ce projet, "l'un des plus gros partenariats public-privé d'infrastructure en Europe", sera aussi "l'un des plus gros chantiers du monde" en génie civil, a souligné Pierre-Denis Coux, directeur du projet chez Réseau ferré de France (RFF), le gestionnaire des voies ferrées.
Maillon de la future ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) qui, à terme, conduira à Toulouse et en Espagne, le tronçon Tours-Bordeaux s'inscrit dans le prolongement de la ligne Paris-Tours existante. Il sera long de 302 km (auxquels s'ajoutent 40 km de raccordements aux lignes classiques).
Cette nouvelle infrastructure devrait permettre de transporter 3 millions de passagers supplémentaires, ce qui porterait le trafic total de la ligne à 20 millions de voyageurs à son ouverture fin 2016, grâce notamment à un report du trafic aérien Paris-Bordeaux actuel.
Sa construction doit, en outre, permettre de libérer des créneaux de circulation sur la ligne actuelle pour développer les trafics fret et TER.
RFF annonce pour la fin 2016 des temps de parcours de 02H05 sur Paris-Bordeaux (plus d'une heure gagnée), 04H08 sur Paris-Toulouse (-52 minutes) ou 02H27 sur Paris-La Rochelle (-23 minutes).
Le montage financier est extrêmement complexe, ce qui explique que le dossier a été plusieurs fois retardé: l'Etat et les 57 collectivités locales impliquées (qui n'ont d'ailleurs pas toutes encore donné leur accord) ont prévu d'apporter chacun 25% des 7,2 milliards initialement prévus pour financer la ligne.
Mais elle devrait coûter un peu plus cher, près de 8 milliards d'euros. La part de subvention publique sera donc complétée par RFF: sa participation reste à préciser, mais l'ensemble devrait représenter un peu moins de 4 milliards.
De son côté, le groupement mené par Vinci financera le projet à hauteur de 3,8 milliards.
Concrètement, le concessionnaire assurera à ses risques et périls la conception, la construction, l'entretien, l'exploitation et le financement du projet.
Vinci et ses partenaires seront rémunérés par des péages, des droits de passage des TGV.
Ceux-ci, spécifiés dans le contrat, ont déjà été fixés par l'Etat lors de la préparation du dossier au printemps 2009. Ces péages "privés" ne seront pas plus élevés que les péages du réseau à grande vitesse public géré par RFF, a précisé Pierre-Denis Coux à l'AFP.
Le Tours-Bordeaux est le deuxième projet d'infrastructures ferroviaires construit en France grâce à un partenariat public-privé, après la ligne transfrontalière réalisée par les groupes de BTP Eiffage et ACS Dragados entre Perpignan et Figueras (Catalogne). Achevée depuis plus d'un an, celle-ci ne voit encore passer aucun train, faute de raccordement côté espagnol.
RFF prévoit maintenant de confier au privé la construction du tronçon reliant Le Mans à Rennes et du contournement de Nîmes et Montpellier.