par Sophie Louet
PARIS (Reuters) - C'est le Jimini Cricket de la campagne pour la présidence de l'UMP, la conscience "utile" d'un parti qu'il ambitionne de remettre en ordre de marche: Hervé Mariton se veut modestement le mécano de l'alternance face aux appétits élyséens à droite.
Passé par l'UDF, le député-maire de Crest (Drôme), 56 ans, a rejoint l'UMP à sa création en 2002 et fut en 2007 l'un des plus fervents partisans de Dominique de Villepin, dont il fut l'éphémère ministre de l'Outre-Mer, face à Nicolas Sarkozy auquel il se rallia finalement.
Aujourd'hui, ce "libéral pragmatique" qui a publié en septembre "Le Bonheur regarde à droite" met en garde contre une élection qui, loin de régler "la guerre des chefs", porte en germe une nouvelle vague d'hostilités pour la primaire de 2016.
Il est l'un des premiers, avant Alain Juppé, à avoir réclamé que le futur président du parti ne concoure pas aux primaires.
"Si on demande aux militants 'est-ce que c'est Mariton qui a raison dans sa vision?', je pense que vous en avez 80% qui disent 'oui'. Est-ce que ça entraîne un vote Mariton? Pas nécessairement, c'est terrible ça pour un esprit scientifique et rationnel comme le mien!", s'amuse l'élu, diplômé de l'Ecole polytechnique.
"Je ne suis pas dans le 'story-telling', dans la construction d'une revanche ou d'une histoire personnelle", dit-il, visant ses concurrents Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire.
Les enquêtes, qui sondent les sympathisants de l'UMP, le créditent d'un score inférieur à 5%, mais Hervé Mariton, animateur du courant "Droit au coeur", recueille un écho notable auprès des opposants au mariage homosexuel, qu'il a combattu à l'Assemblée et dans les cortèges de "La Manif pour tous".
"MÉCANIQUE"
Très applaudi lors du meeting de "Sens commun", émanation de la coalition contre la loi Taubira, où Nicolas Sarkozy a cédé sur l'abrogation du texte face à une assistance hostile, le député se donne pour mission de "débusquer l'ambiguïté".
"Je trouve que la campagne a été très charitable à ne pas vérifier quelques cohérences", dit-il à Reuters.
Bruno Le Maire "parle beaucoup de transparence, il avait confié sa campagne régionale à Bygmalion" et "il n'a jamais été forcé à dire, au bout du bout, son intention sur les primaires".
"Nicolas Sarkozy parle d'autre chose que l'UMP mais n'a jamais été forcé à dire véritablement ce qu'il voulait", dit-il. "Sur le mariage pour tous, il est resté d'une grande ambiguïté".
"Il est comme il est avec ses qualités et ses défauts, et souvent dans la vie, à mesure que le temps passe, les qualités s'affûtent et les défauts s'aiguisent". Un sourire souligne chaque attaque.
L'épouse de François Fillon, Pénélope, conseillère municipale à Solesmes (Sarthe), lui a apporté son parrainage. Trente-et-un parlementaires ont fait de même, une cinquantaine au total le soutiennent.
Le député, qui espère "dépasser les 10%" le 29 novembre, entend "peser très fort sur l'avenir de l'UMP". Les lendemains de l'élection "ne seront pas simples", concède-t-il. "Cette campagne est curieuse, elle n'a pas été violente mais elle a été faite de beaucoup d'ignorance mutuelle, de beaucoup d'esquives".
Hervé Mariton craint, si Nicolas Sarkozy est élu, qu'il ne délaisse le parti : "On n'a jamais pris suffisamment au sérieux le fonctionnement de la maison. On a beaucoup de mécanique à réparer plutôt que de repeindre la carrosserie du véhicule."
(Edité par Yves Clarisse)