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La Russie se dit ouverte aux investisseurs occidentaux, malgré les sanctions

Publié le 18/06/2015 14:20
Le président russe Vladimir Poutine lors d'un colloque avec des hommes d'affaires à Saint-Pétersbourg, le 18 juin 2015 (Photo ALEXANDER ZEMLIANICHENKO. POOL)
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Le président russe Vladimir Poutine lors d'un colloque avec des hommes d'affaires à Saint-Pétersbourg, le 18 juin 2015 (Photo ALEXANDER ZEMLIANICHENKO. POOL)

La Russie reste ouverte aux investisseurs occidentaux malgré les sanctions sans précédent qui visent son économie, visiblement pour longtemps en raison de l'enlisement de la crise ukrainienne, ont assuré jeudi des hauts responsables russes à l'ouverture du principal rendez-vous des milieu des affaires russes.

"Nous ne cherchons pas à nous tourner vers l'Est, nous voulons faire du commerce autant avec l'Est qu'avec l'Ouest", a déclaré le numéro deux du gouvernement Igor Chouvalov au début du Forum économique international organisé à Saint-Pétersbourg jusqu'à samedi.

Le principal rendez-vous organisé par la Russie pour les investisseurs internationaux, où le Premier ministre grec Alexis Tsipras arrive jeudi pour rencontrer vendredi Vladimir Poutine, s'ouvre dans un contexte assombri par la crise ukrainienne, qui a isolé Moscou de ses partenaires occidentaux comme jamais depuis la Guerre froide.

Il y a un an, l'événement avait été déserté après l'annexion de la Crimée et le début de la pire période de confrontation entre Moscou et les Occidentaux depuis la fin de la Guerre froide en 1991. Isolée comme jamais dans la période post-soviétique et affaiblie par l'effondrement du marché pétrolier, l'économie russe traverse une profonde récession marquée surtout par une chute du pouvoir d'achat et de la consommation.

"On ne peut pas dire que la situation est bonne, ce ne serait pas vrai, elle est difficile. Mais elle n'est pas aussi dificile que ce que nous avons vu en octobre, novembre ou décembre" quand le rouble plongeait, a souligné Igor Chouvalov.

"Nous sommes au coeur de la tempête" a tempéré l'ancien ministre des Finances Alexeï Koudrine, très respecté des milieux économiques. "La croissance va revenir dans un an, mais nous nous trouverons dans un état pire qu'actuellement", a-t-il affirmé.

Le renforcement annoncé de l'arsenal nucléaire russe, qui a déclenché la colère de l'Otan, et l'accord des 28 pays de l'Union européenne pour prolonger les sanctions économiques jusqu'à fin janvier 2016 ont rappelé ces derniers jours qu'une détente restait lointaine.

Le ministre russe de l'Economie Alexeï Oulioukaïev a prévenu jeudi: si la prolongation des sanctions est bien formalisée lundi comme prévu, Moscou étendra de son côté la durée de son embargo alimentaire.

- Fréquentation en hausse -

Dans ce contexte, Washington avait prévenu à l'avance les entreprises américaines que leur présence à Saint-Pétersbourg serait vue d'un mauvais oeil. De fait, les PDG de multinationales occidentales restent relativement peu nombreux sur le forum à l'exception du secteur pétrolier avec les patrons de Total (PARIS:TOTF), BP (LONDON:BP) et Shell.

Pour autant, les organisateurs insistent sur une nette augmentation du nombre de participants avec plus de 1.700 dirigeants d'entreprises de 64 pays, contre environ 1.300 il y un an, qu'elles voient comme un signe d'un regain d'intérêt pour l'économie russe.

Ouvrant le Forum, le vice-Premier ministre Sergueï Prikhodko s'est félicité que certains partenaires de la Russie aient décidés d'agir "dans leurs propres intérêt".

Si pour l'instant la récession semble s'aggraver et que le produit intérieur brut est attendu en baisse d'environ 3%, les autorités russes ne cessent de souligner que le chaos économique promis par les Occidentaux n'a pas eu lieu. A l'inverse, le président Vladimir Poutine, qui devrait réaffirmer vendredi devant les investisseurs que la Russie leur est ouverte, répète à l'envie que les pays européens payent eux-mêmes un prix très élevé.

Les entreprises européennes, qui avaient investi massivement ces dernières années en Russie pour profiter de l'émergence de sa classe moyenne, y traversent une période difficile et protestent ouvertement contre l'introduction des sanctions.

Selon une enquête réalisée par l'institut GfK pour la fédération des multinationales implantées en Russie, l'Association of European Businesses (AEB), 39% des dirigeants d'entreprises européens s'attendent à voir les investissements baisser dans les deux-trois années à venir dans le pays, un pessimisme jamais vu. En revanche, près des trois-quarts sont persuadés que l'économie russe va croître à long terme.

Pour Lilit Gevorgyan, économiste de la société d'analyse IHS Global Insight, la hausse de la fréquentation du Forum "ne signifie pas nécessairement une volonté plus forte de faire des affaires", mais plutôt "une occasion de mieux comprendre où va la Russie".

"Beaucoup (d'entrepreneurs occidentaux) considèrent que les tensions actuelles comme un problème temporaire", poursuit-elle, interrogée par l'AFP.

A Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine doit rencontrer jeudi des chefs d'entreprises et le ministre saoudien de la Défense le prince Mohammed ben Salmane, au cours d'une rencontre destinée à approfondir les liens entre les deux pays après des années de tensions liées à la guerre en Syrie.

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