La réforme ferroviaire contestée par les cheminots devrait être bouclée dans la semaine mais les syndicats de la SNCF veulent jusqu'au bout faire pression sur le gouvernement pour obtenir quelques concessions supplémentaires et des garanties pour leur future convention collective.
Premier rendez-vous, lundi après-midi, avec la commission mixte paritaire (CMP) qui doit tenter de fixer le texte final du projet de loi, avant un nouveau passage à l'Assemblée mercredi et au Sénat jeudi. Si les deux assemblées sont d'accord, le projet sera adopté définitivement.
La fédération SUD-Rail, qui continue de réclamer "le retrait du pacte ferroviaire", appelle à défiler lundi à partir de 11H00 entre l'Assemblée nationale et le Sénat.
Les syndicats continuent d'afficher leur unité, malgré des divergences tactiques et de fond, et espèrent remobiliser leurs troupes pour arracher, au minimum, des concessions supplémentaires.
En plus des deux nouveaux épisodes de grève déjà prévus, mardi et mercredi, puis dimanche et lundi, l'intersyndicale de la SNCF composée du quatuor CGT, Unsa, SUD et CFDT organise mardi une "journée de la colère cheminote", espérant une "participation massive à la grève unitaire" pour maintenir "la pression" sur le gouvernement et le patronat du rail.
Ils espèrent rééditer le sursaut observé lors de la "journée sans cheminot" du 14 mai, quand près de 28% du personnel (chiffre SNCF) avait cessé le travail, contre moins de 15% une semaine plus tôt. Depuis lors, la mobilisation a oscillé entre 15,74% et 13,68%, taux le plus bas.
- "Tout est possible" -
L'objectif affiché est de peser sur la fin des débats parlementaires d'une part, et sur les prochaines négociations sociales à la SNCF et dans la branche ferroviaire, d'autre part.
La mobilisation a certes "permis de faire évoluer le texte", mais "cela reste toutefois très insuffisant", martèle l'intersyndicale, qui n'a pas réussi à faire reculer le gouvernement sur les trois points principaux de sa réforme (ouverture à la concurrence, arrêt de l'embauche au statut et transformation de la SNCF en société anonyme).
Parmi les évolutions, figure aussi l'engagement de l'Etat à reprendre partiellement la dette, à hauteur de 35 milliards.
L'enjeu majeur semble pourtant s'être déplacé vers la révision de la convention collective ferroviaire, objet d'une table-ronde vendredi avec la ministre des Transports Élisabeth Borne, les syndicats cheminots et l'UTP qui représente le patronat du secteur.
C'est du moins ce qui transparait des dernières déclarations de l'Unsa et de la CFDT, prêtes à quitter le conflit en cas d'avancées.
"Si le gouvernement et le patronat prennent des engagements la semaine prochaine, tout est possible", a glissé jeudi le secrétaire général adjoint de la CFDT-Cheminots, Rémi Aufrère-Privel.
L'objectif est de "maintenir la pression jusqu'à avoir des éléments rassurants" sur la future convention collective, a appuyé vendredi Roger Dillenseger, numéro un de l'Unsa-ferroviaire, tout en prévenant qu'"aujourd'hui le compte n'y est pas".
Pour les convaincre, le gouvernement devra être plus qu'un "observateur attentif du bon déroulement" des discussions, formule utilisée par Mme Borne dans un courrier envoyé vendredi à l'intersyndicale.
"Ce n'est pas du tout ce qu'on attend" de l'exécutif, avait prévenu jeudi M. Aufrère-Privel, souhaitant "un rôle plus pro-actif" du gouvernement, qu'"il fasse pression sur le patronat" et "pose certains marqueurs sociaux".
Même ton à la CGT-cheminots. "Le gouvernement dit +moi, je casse, et vous verrez plus tard pour la reconstruction+. Nous, nous voulons qu'il s'engage sur la reconstruction", a expliqué samedi son secrétaire général, Laurent Brun, au groupe de presse Ebra.
Le mouvement de grève doit se poursuivre jusqu'au 28 juin, toujours à raison de deux jours sur cinq. Le calendrier n'a pas été modifié pour les épreuves du bac, du 18 au 25 juin inclus.