Chypre a progressé dans l'application des réformes que le pays s'était engagé à faire dans le cadre d'un plan de sauvetage, mais le poids des créances douteuses dans le secteur bancaire pourrait faire dérailler une reprise naissante, ont averti lundi les bailleurs de fonds internationaux.
"L'engagement des autorités à faire appliquer le programme porte ses fruits dans divers secteurs, avec une reprise de la croissance économique début 2015", estiment dans un communiqué conjoint l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international.
Chypre, au bord de la faillite, avait dû faire appel à la troïka des bailleurs de fonds en mars 2013. L'île avait bénéficié d'un prêt de 10 milliards d'euros en échange d'une série de mesures d'austérité draconiennes et d'une restructuration du système bancaire, alors extrêmement exposé à la dette grecque.
Dans sa dernière évaluation de l'économie de la république de Chypre, la troïka a averti que ce membre de la zone euro devait encore faire face à nombre d'embûches.
"Le rythme lent des restructurations de dettes est en train de s'accélérer un peu (...) Les autorités avancent dans leur programme de réformes", ont estimé les créanciers.
Mais ils ont souligné qu'il était "essentiel" que le gouvernement accélère le rythme des changements.
"Notamment, la priorité numéro un reste de s'attaquer au niveau excessif des prêts non performants dans le système bancaire", souligne la troïka.
Environ la moitié des prêts accordés par les banques à Chypre sont considérés comme créances douteuses.
"C'est une condition nécessaire pour une stabilisation durable du système bancaire, et cela nécessite de nouvelles mesures prioritaires", ont ajouté les créanciers internationaux.
Ils ont notamment appelé le gouvernement à accélérer le transfert des titres de propriétés pour assurer que ceux qui ont remboursé leur prêt deviennent dûment propriétaires de leur bien, et à assouplir la vente d'emprunts au plus vite.
Les autorités doivent aussi faire "les efforts nécessaires pour mettre en application concrètement les nouvelles lois concernant les saisies immobilières en cas d'insolvabilité".
Dans les précédentes évaluations, la troïka avait félicité Chypre pour s'être tenue aux mesures draconiennes d'austérité exigées en contrepartie du plan de sauvetage.
Le secteur bancaire surdimensionné a été restructuré et les Chypriotes ont subi d'importantes baisses de salaires dans le secteur privé comme dans la fonction publique, tandis que les impôts sur la consommation et la propriété ont augmenté.
Chypre a déjà reçu 6 milliards d'euros dans le cadre du plan de sauvetage qui doit s'achever en mars 2016. Mais les bailleurs de fonds estiment que l'île devrait sortir de la récession cette année et le gouvernement a indiqué qu'il pourrait ne pas avoir besoin de la totalité des fonds initialement prévus.