par Arno Schuetze et Jonathan Gould
FRANCFORT (Reuters) - Les banques allemandes affichent des résultats meilleurs qu'attendu aux examens approfondis des autorités européennes puisqu'aucune d'elles n'a besoin de lever des capitaux, mais le secteur est encore loin d'avoir rétabli sa rentabilité et achevé sa réforme, ont déclaré dimanche plusieurs responsables politiques et financiers.
Alors que l'Allemagne est régulièrement critiquée pour la fragmentation de son secteur financier et la faiblesse de certaines de ses banques, un seul établissement n'a pas réussi l'examen européen et le secteur dans son ensemble est légèrement au-dessus de la moyenne de la zone euro, montrent les résultats publiés par la Banque centrale européenne (BCE).
"Les banques allemandes ont démontré qu'elles étaient assez solides pour supporter même un stress important mais elles doivent améliorer leur rentabilité afin de passer en tête la ligne d'arrivée", a déclaré à la presse Andreas Dombret, membre du directoire de la Bundesbank en charge de la régulation.
Dans le scénario "stressé" des tests de résistance, les banques allemandes affichent un ratio de fonds propres durs moyen de 9,1%, contre 8,4% en moyenne pour l'ensemble de la zone euro.
Münchener Hypo est la seule des 25 banques allemandes concernées par cet examen à l'avoir raté sur la base des comptes à fin 2013 mais elle a levé depuis 415 millions d'euros de capitaux pour combler son déficit de fonds propres.
Même HSH Nordbank, qui avait elle-même émis des doutes sur sa capacité à réussir les tests, a dépassé le ratio de fonds propres minimum de 5,5% dans le scénario le plus exigeant, affichant un résultat de 6,1%, grâce principalement à des garanties publiques.
HSH SOLVABLE, PAS FORCÉMENT VIABLE
"Les résultats confirment mon impression que les banques allemandes s'étaient bien préparées", a dit le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble.
Toutefois, bon nombre d'établissements n'ont réussi les tests que de justesse puisque sept banques allemandes figurent parmi les 17 qui, à l'échelle européenne, n'affichent qu'un ratio de fonds propre supérieur de moins de 1,5 point au seuil de 5,5%.
Avant la publication des résultats des tests, de nombreux analystes avaient dit s'attendre à ce que des banques allemandes figurent parmi les plus mal capitalisées d'Europe, certains allant jusqu'à pointer du doigt Deutsche Bank, Commerzbank et HSH Nordbank comme des échecs possibles.
L'Allemagne compte au total 1.813 institutions bancaires, soit le plus grand nombre par habitant de toute l'Europe, et plus de la moitié de ces établissements sont des entreprises publiques ou des coopératives.
Outre HSH Nordbank, trois autres banques, DZ Bank, IKB et Wüstenrot Bank, n'ont réussi les tests que de peu, avec des ratios de 6% à 6,5%.
Le succès relativement inattendu du secteur bancaire allemand ne signifie pas pour autant que la restructuration entamée depuis la crise financière est achevée.
"Le marathon a tout juste commencé", a estimé Andreas Dombret, notant que le rendement des fonds propres des banques allemandes en 2013, à 1,26%, les classait sous la moyenne européenne.
HSH Nordbank, si elle est considérée comme solvable, doit encore convaincre les autorités européennes de la concurrence qu'elle dispose d'un modèle économique viable pour obtenir le feu vert de Bruxelles à un plan d'aide public.
(avec Tom Atkins, Marc Joanny et Marc Angrand pour le service français)