Macron plaide en Guyane pour l'augmentation de l'activité aurifère

Publié le 22/08/2015 15:49
Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, le 19 août 2015 à Paris (Photo HUGO MATHY. AFP)

Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, le 19 août 2015 à Paris (Photo HUGO MATHY. AFP)

Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, qui effectuait cette semaine une visite de 48 heures en Guyane, a plaidé en faveur d'une augmentation de l'activité aurifère dans ce département français d'Amazonie, à fort potentiel mais pas sans risques.

Actuellement, les cours de l'or sont au plus bas, ils pourraient enregistrer une troisième année consécutive de baisse à la fin du quatrième trimestre.

"Il y a un potentiel important" en gisements, a expliqué à l'AFP, Jean-Claude Guillaneau, directeur des géoressouces du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Le potentiel exploitable de la Guyane (c'est-à-dire connu sur les sites en exploitation aujourd'hui) est de près de 450 tonnes d'or. Mais "on n'a pas pour le moment le développement d'une industrie aurifère puissante en Guyane. Les grandes compagnies minières ne sont pas présentes".

Les choses sont en train de changer, avec l'intérêt "industriel" porté par le canadien Columbus Gold qui a déposé une demande de permis exclusif de recherche sur le site minier Montagne d'Or.

Vendredi, Emmanuel Macron a visité le site, situé sur la commune de Saint-Laurent du Maroni. Le gisement pourrait produire 150 tonnes d'or. Mais il se situe à 500 mètres de la réserve Lucifer Dékou Dékou, plus grande réserve biologique de France...

Selon le président de la fédération des opérateurs miniers de Guyane, Gauthier Horth, mis en examen, entre autres, pour exploitation illégale d'une mine d'or, la Guyane compte "30 exploitants légaux" dont "22 de taille artisanale" pour "550 emplois" et 50 millions d'euros générés. En revanche, "25.000" orpailleurs clandestins, du Brésil et du Suriname, opéreraient dans la forêt guyanaise.

L'ordre de grandeur de la production d'or en Guyane est aujourd'hui de 5 à 10 tonnes par an (contre 211 tonnes aux États-Unis en 2014). Par ailleurs, la filière ne rapporte quasiment rien en terme de retombées fiscales du fait d'une taxation dérisoire. L'arrêté interministériel du 21 juillet 2014 fixait un taux en Guyane de "1 à 2 % du cours moyen annuel d'un kilogramme d'or constaté sur le marché de l'or de Londres en 2013".

- risques pour l'environnement -

Pour ne pas freiner les investisseurs, cette taxation pourrait rester très basse tel que le préconise le rapport Tuot. Le conseiller d’État prépare la réforme du code minier, qui doit passer en conseil des ministres "à la fin de l'année 2015", a confirmé M. Macron.

Dans la dynamique de la COP 21, le ministre plaide pour "la mine responsable", concept introduit par son prédécesseur Arnaud Montebourg. Emmanuel Macron a annoncé qu'il allait instaurer une "charte de bonne conduite".

Mais le président de l'association Maiouri Nature Guyane, Philippe Boré, ne croit pas à ce concept. "L’effroyable atteinte contre l’environnement et la santé des générations futures réside dans le fait de répandre les dizaines de millions de tonnes de broyat minéral ou déchets miniers sur les abords" de l'excavation, redoute-t-il.

"Ce sont des composés, entre autres, de divers métaux lourds et poisons (arsenic, cadmium, plomb, mercure naturel, potentiellement de l’uranium…), qui vont être soumis au lessivage des pluies tropicales et contaminer durant des siècles tout le chevelu hydrographique de notre pays, jusque, bien sûr, à terme, dans les assiettes de nos enfants", met-il en garde.

Une autre réalité ne joue pas en faveur de la "mine responsable". Sur des "données cartographiques" rendues disponibles par l'ONF et "datant d’entre 2006 et 2008", on peut voir "plusieurs secteurs où titres miniers exploités et chantiers clandestins cohabitent à faible distance", expliquait en 2013, Florent Taberlet chargé de programme écosystèmes terrestres au WWF, à Guyaweb.com.

"Certains sites légaux exploités, puis réhabilités par l’opérateur, sont eux-mêmes le théâtre de +repasses+ illégales", ajoute-t-il. Cette exploitation clandestine atteint la population par l'insécurité qu'elle génère et l'impact sur sa santé et l'environnement. Cette réalité contredit le président François Hollande, qui assurait, lors de sa visite en Guyane en décembre 2013, que "l'exploitation légale" permet "d'éviter l'anarchie totale".

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