Le Panama, au coeur des révélations du scandale des "Panama papers", a annoncé mardi qu'il envisageait des représailles économiques contre la France qui va réinscrire le pays d'Amérique centrale sur sa liste des paradis fiscaux.
"Au Panama, il existe une loi qui prévoit des mesures de rétorsion contre les pays qui incluraient le Panama sur les listes grises", a déclaré lors d'une conférence de presse le directeur de cabinet de la présidence, Alvaro Aleman.
Concernant la France, "le gouvernement doit analyser la situation et envisager les mesures qui devront être prises, parmi lesquelles figurent des mesures de rétorsion", a-t-il ajouté.
Le ministre français des Finances Michel Sapin a assuré mardi que la France allait réinscrire le Panama sur sa liste des Etats et territoires non-coopératifs (ETNC) en matière fiscale, en raison des révélations du scandale des "Panama papers".
Le Panama "a voulu nous faire croire qu'il était en capacité de respecter les grands principes internationaux. Il a pu obtenir ainsi de ne plus être inscrit sur la liste noire des paradis fiscaux", a rappelé M. Sapin, interrogé à l'Assemblée nationale.
Mais au vu des révélations sur sa politique vis-à-vis de l'évasion fiscale, "la France a décidé de réinscrire le Panama sur la liste des pays non-coopératifs, avec toutes les conséquences que ceci aura pour ceux qui auront des transactions" avec ce pays d'Amérique latine, a-t-il ajouté.
La France a retiré le Panama de sa liste de territoires non-coopératifs le 1er janvier 2012, après la signature d'une convention avec les autorités panaméennes sur la lutte contre l'évasion fiscale.
Avec sa réinscription sur la liste noire de Bercy, "des sanctions seront prononcées, en tous cas des retenues à la source importantes seront effectuées sur les transactions entre des sociétés françaises et des sociétés panaméennes lorsqu'il n'y a pas de justification économique", a précisé le secrétaire d'Etat français au Budget Christian Eckert.
Le Panama, pays d'Amérique centrale fréquemment secoué par des scandales de corruption, se trouve dans l'oeil du cyclone médiatique depuis les révélations d'évasion fiscale à grande échelle dans le cadre des "Panama papers", impliquant des hauts responsables politiques, sportifs ou milliardaires.
La Commission européenne l'a intégré dans une liste de 30 paradis fiscaux en présentant en juin 2015 son plan de lutte contre l'évasion fiscale des entreprises multinationales. Mais le Gafi, institution de lutte contre le blanchiment, l'a pour sa part retiré de sa liste grise, début 2016.