Le MS804 d'Egyptair était passé par les aéroports du Caire, Tunis et Asmara avant de se poser à Paris puis de repartir et disparaître. Mais depuis les attentats de 2015, la France a renforcé son contrôle sur ces "vols entrants", arrivant d'aéroports étrangers.
"Des audits sont effectués par l'Etat français à l'étranger pour vérifier que la sureté est garantie" dans les aéroports desservants la France, explique Sébastien Caron, directeur général de ASCT International, spécialisée dans l'audit, le conseil et la formation.
"Les compagnies aériennes, notamment Air France ou d'autres, ont elles aussi un service sûreté chargé de vérifier dans les escales de ces pays que la sureté est garantie" dans les aéroports, ajoute-t-il.
"Il s'agit de vérifier que le niveau de sûreté est au niveau de ce que l'on peut attendre pour une compagnie aérienne française", explique-t-il.
Depuis 2011, des missions dites "vols entrants" sont ainsi opérés dans des aéroports de pays sensibles à destination de l'Hexagone. Elles sont réalisés par des experts de la Direction générale de l'Aviation Civile (DGAC), chargée de la sécurité et de la sûreté du transport aérien en France, de la gendarmerie des transports aériens et de la police aux frontières.
Ce dispositif a été complété l'an dernier par la possibilité de prendre un arrêté, d'une durée maximale de trois mois et éventuellement reconductible, imposant aux compagnies aériennes des mesures supplémentaires pour des vols à destination de lA France au départ d’aéroports de pays sensibles.
Car "il nous manquait la possibilité d'imposer des mesures complémentaires lorsque les missions +vols entrants+ avaient identifié des vulnérabilités importantes dans un contexte de menace terroriste élevée", explique Eric Heraud, porte-parole de la DGAC.
- Portiques -
Confrontée à la menace terroriste depuis le printemps arabe, la Tunisie en a fait l’objet. Et alors que la sécurité à l’aéroport de Tunis-Carthage était jugée défaillante, le pays a sensiblement renforcé les mesures de sûreté dans ses aéroports, avec par exemple, la nécessité de passer de premiers portiques pour pénétrer dans l'aérogare.
Contacté par l'AFP, le directeur de l'aviation civile au ministère du Transport, Habib Mekki assure qu'"il y a une surveillance totale des avions en escale. Suivant les normes internationales, les passagers entrant ou sortant de Tunisie sont contrôlés ainsi que les bagages. Des détecteurs d’explosifs et de traces d'explosifs sont utilisés dans tous les aéroports."
"Nous n'avons aucun problème au niveau sécuritaire dans nos aéroports, ces mesures répondent au degré de menace et sont évaluées quotidiennement", assure-t-il en relevant qu'"aucune autorité n'a fait de réclamation".
"Depuis l'attentat de Sousse (26 juin 2015) nous avons renforcé nos aéroports par des mesures additives comme l'utilisation des équipements pour l'inspection des traces d'explosifs outre l'utilisation des scanners et du rayon X", souligne-t-il.
Cible d'un attentat à la bombe contre un avion transportant des touristes russes peu après son décollage de la station balnéaire de Charm el-Cheikh le 31 octobre dernier, l'Egypte a depuis renforcé la sûreté de ses aéroports.
Les procédures de fouille des passagers et des employés à leur entrée dans l'aéroport ont été durcies et les avions soumis à des "fouilles de sécurité".
Des progrès jugés "encourageants" par Londres à l'époque pour une reprise des vols vers Charm el-Cheikh, suspendus après l'attentat contre l'avion russe.
Mesure ultime pour se protéger d'une menace trop prégnante, une telle suspension a aussi été décidée par la France dans le passé, rappelle Sébastien Caron, avec l'interruption pendant plusieurs années des vols Air France vers l'Algérie après le détournement en 1994 du vol Air France 8969 à la veille de Noël à Alger.
Quant à l'Erythrée, elle n'est pas desservie directement depuis la France, mais seulement via des escales, notamment en Egypte. L'aéroport d’Asmara est lourdement protégé, mais le département d'Etat américain relève des lacunes en matière de sûreté.