Le taux de chômage a légèrement augmenté en Espagne au premier trimestre à 23,78%, une mauvaise surprise pour le gouvernement qui se targue de son bon bilan économique à un mois d'élections régionales et municipales.
Le pays comptait 5,44 millions de chômeurs, selon des chiffres publiés jeudi par l'Institut national de la statistique (Ine), en recul de 13.100 par rapport au trimestre antérieur.
Mais cette légère amélioration a été effacée par le repli plus fort de la population active. Elle a baissé de 127.400 personnes au premier trimestre pour se monter à 22.899.400.
La quatrième économie de la zone euro continue en effet à voir partir ses étrangers --plus de 300.000 en 2014-- et ses jeunes cherchant un avenir meilleur en Europe ou en Amérique latine, tandis que certains chômeurs renoncent complètement à retrouver un emploi.
Résultat, le taux de chômage est passé de 23,7% à fin 2014 à 23,78% au premier trimestre, en dépit de la reprise économique.
Alors que le chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy, se félicitait de ces résultats qui, selon lui, "confirment l'évolution, chaque jour plus positive, de l'économie espagnole", les responsables de l'opposition sont montés au créneau pour fustiger son bilan.
- emplois précaires -
"Ces mauvais chiffres du chômage ont beaucoup à voir avec une réforme du travail qui a ouvert les portes au licenciement massif de nombreux salariés" en 2013, a accusé le chef de l'opposition socialiste espagnole, Pedro Sanchez.
Albert Rivera, à la tête de la jeune formation centriste Ciudadanos, a dénoncé de son côté "la précarité" et le fait que "90% de tous les emplois créés sous cette législature soient précaires".
Le pourcentage de personnes travaillant à temps partiel a augmenté à 16,25%, selon l'Ine. "Le problème est qu'à la différence d'autres pays d'Europe centrale, où le temps partiel est optionnel, en Espagne c'est une obligation", s'alarme la professeure Angel Valls.
Le nombre de foyers dont tous les membres en âge de travailler sont au chômage a aussi progressé, à 1,79 million.
Interrogé sur la radio Onda Cero, le ministre de l'Economie Luis de Guindos, interrogé sur la radio Onda Cero, a mis cette évolution sur le fait que "le premier trimestre est, du point de vue saisonnier, le plus compliqué pour l'économie espagnole". "Pratiquement 505.000 emplois ont été créés sur l'année écoulée", a-t-il insisté.
Autre bonne nouvelle à ses yeux, le gouvernement relèvera sa prévision de croissance pour 2015 à la fin du mois d'avril, lorsqu'il enverra ses projections actualisées à Bruxelles, probablement entre 2,5 et 3%.
Mais la baisse du chômage ne suit pas au même rythme. Madrid table sur un taux qui sera encore de 22,2% à la fin de 2015, alors que les élections législatives sont prévues en fin d'année, et que Mariano Rajoy a confirmé son intention de briguer un deuxième mandat. Avant ça, des élections régionales et municipales auront lieu le 24 mai.
L'Espagne devrait ainsi rester en queue de peloton des pays de l'Union européenne, seule la Grèce faisant pire jusqu'à présent.
Les perspectives à moyen terme ne sont pas plus brillantes. L'organisation mondiale du travail (OIT) est aussi pessimiste et pense que le taux de chômage espagnol se maintiendra au-dessus des 20% d'ici la fin de la décennie.