BERLIN/ROME (Reuters) - Les autorités allemandes ont relâché jeudi un ressortissant tunisien de 40 ans un moment soupçonné d'être lié à Anis Amri, auteur présumé de l'attentat qui a fait 12 morts le 19 décembre sur un marché de Noël de Berlin.
En Italie, où Anis Amri a été abattu quatre jours après l'attaque, le président du Conseil Paolo Gentiloni a affirmé que ce dernier ne semblait pas disposer de l'appui d'un réseau particulier et la police a perquisitionné trois logements à Rome et dans la banlieue de la capitale italienne.
Selon une porte-parole du parquet fédéral allemand, le Tunisien âgé de 40 ans a été interpellé mercredi car la police soupçonnait Anis Amri de lui avoir envoyé un message vocal et une photographie peu avant l'attaque.
"L'enquête a montré que la personne arrêtée n'était pas le contact possible d'Anis Amri et elle a donc été libérée", a dit la porte-parole Frauke Köhler.
Le numéro de portable de la personne interpellée était enregistré dans le téléphone d'Anis Amri. Son domicile et son entreprise ont fait l'objet de perquisitions.
Frauke Köhler a également déclaré qu'une vidéo ayant circulé sur internet et montrant Anis Amri sur un pont de Berlin en train de prêter allégeance à l'organisation Etat islamique était authentique.
Anis Amri était arrivé en Europe en débarquant par bateau en 2011 sur l'île italienne de Lampedusa. Il avait purgé une peine de quatre ans de prison en Italie pour avoir tenté d'incendier un bâtiment.
Il s'était rendu en Allemagne en 2015 mais il y était menacé d'expulsion car sa demande d'asile avait été rejetée.
En Italie, la police concentre ses recherches sur une petite ville au sud de Rome où Amri aurait résidé avec un compatriote tunisien rencontré à Lampedusa, a précisé une source judiciaire.
ENQUÊTE AUX PAYS-BAS
Paolo Gentiloni a déclaré que le principal suspect dans l'attentat de Berlin s'était probablement radicalisé après son arrivée en Europe.
Selon le chef des services italiens de lutte contre la mafia et le terrorisme, Franco Roberti, il s'était radicalisé après avoir été emprisonné en Italie.
"Il y a cinq ans, ce n'était pas un djihadiste (...). Dans le désespoir, dans l'isolement, dans l'aliénation, il a trouvé la conviction pour suivre le chemin de la radicalisation", a déclaré Franco Roberti au quotidien La Repubblica.
La cavale d'Anis Amri de l'Allemagne vers l'Italie, en passant par la France, a incité les partis europhobes à réclamer la restauration des contrôles aux frontières.
Frauke Köhler a déclaré que les autorités supposaient également qu'Anis Amri était passé par les Pays-Bas après l'attentat. Elle a précisé que des cartes SIM retrouvées sur lui avaient été obtenues aux Pays-Bas dans les jours précédant Noël.
Le parquet néerlandais avait déjà fait savoir mercredi qu'en provenance d'Allemagne, il avait peut-être transité par les Pays-Bas. En France, une enquête est en cours pour retracer son itinéraire exact.
Anis Amri aurait été reconnu sur des images de télésurveillances tournées jeudi 22 à la gare de Lyon-Part-Dieu, la veille de sa mort.
Les autorités italiennes ont tenté d'expulser Anis Amri mais, comme leurs homologues allemandes plus tard, elles se sont heurtées au manque de coopération de la Tunisie, qui a dit ne pas être sûre qu'il soit tunisien.
Le jeune homme a donc été relâché au bout de 60 jours et il lui a simplement été demandé de quitter le pays. D'après ses frères, il a obtempéré mais pour se rendre en Allemagne en profitant de l'afflux de migrants de l'été 2015.
La porte-parole du parquet allemand a précisé que le 19 décembre, le système de freinage automatique du camion-bélier avait stoppé le véhicule après une course de 70 à 80 mètres et permis d'éviter un bilan plus lourd.
Elle a également indiqué que des analyses avaient permis de montrer que l'arme avec laquelle Anis Amri a tiré sur la police italienne était du même calibre (.22) que celle utilisée dans la cabine du poids lourd.
(Joseph Nasr et Isla Binnie, Gilles Trequesser, Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)