PARIS (Reuters) - Les ministres de l'Intérieur et de l'Outre-Mer, Matthias Fekl et Ericka Bareigts, se rendront mercredi en Guyane française pour poursuivre les discussions destinées à trouver une issue à la crise qui bloque ce département situé en Amérique du Sud, annonce mardi le Premier ministre.
Décidé à reprendre en main ce dossier épineux à moins d'un mois du premier tour de l'élection présidentielle, Bernard Cazeneuve avait annoncé lundi la venue à Cayenne, avant la fin de la semaine, de membres de son gouvernement.
Il souligne dans un communiqué que le travail de la mission dépêchée sur place a permis d'établir une liste de revendications de nature à favoriser un "dialogue fructeux".
Il se félicite de voir que les manifestations organisées mardi dans le département se sont déroulées "dans un esprit d'apaisement".
La droite avait auparavant pressé le gouvernement d'accélérer le dialogue.
"J'ai fait savoir au Premier ministre qu'il me paraît que, peut-être, il faut aller encore plus vite pour aller à la rencontre des Guyanais", a dit le président du Sénat, Gérard Larcher, sur Franceinfo.
"Même si on est à la fin d'une législature, il est important que le gouvernement construise en quelque sorte une perspective d'avenir pour les Guyanaises et les Guyanais", a ajouté ce soutien de François Fillon, principal candidat de la droite à la présidentielle.
La collectivité ultra-marine vit au ralenti depuis lundi en raison d'un appel à la grève générale de 37 syndicats réunis au sein de l'Union des travailleurs guyanais (UTG).
Le mouvement s'est cristallisé autour de revendications liées à la sécurité - la Guyane est le département de France où le taux d'homicides est le plus élevé - mais exprime également un malaise profond dans ce territoire frappé par un chômage endémique, deux fois supérieur à la moyenne du pays.
"CAHIER DE REVENDICATIONS"
"Il faut engager des discussions maintenant", a jugé le député Les Républicains (LR) Jérôme Chartier, lui aussi fidèle de François Fillon, sur BFM TV.
"Comment ne pas comprendre leur douleur après avoir été abandonnés pendant cinq ans par le gouvernement de François Hollande ? (...) Et je ne comprends pas comment est-ce que le Premier ministre ne décide pas d'envoyer immédiatement un responsable ministériel du plus haut niveau pour pouvoir engager des discussions", a encore dit Jérôme Chartier.
Une délégation interministérielle, conduite par de hauts fonctionnaires, a entamé des négociations, qui doivent être poursuivies par les ministres.
"Afin de parvenir à des solutions rapides, concrètes et durables pour la Guyane, nous souhaitons que les discussions déjà ouvertes se poursuivent, s'amplifient et s’intensifient dans les jours qui viennent", avaient déclaré lundi soir le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl, et la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, dans un communiqué commun.
"La rédaction d'un cahier de revendications, précises et faisant consensus, est une étape importante que nous tenons à saluer."
La grève générale - une première depuis un précédent mouvement en 2008 - a conduit Air France à annuler ses vols et poussé les Etats-Unis à déconseiller tout voyage vers la Guyane à leurs ressortissants.
(Simon Carraud, édité par Gérard Bon)