Par Noreen Burke
Investing.com - Après une semaine qui a vu les marchés boursiers mondiaux s'effondrer avec l'épidémie de coronavirus, mettant fin à un cycle haussier qui a duré un an, les banques centrales mondiales vont être soumises à une pression accrue pour agir afin de maintenir le flux de soutien aux économies et aux personnes les plus durement touchées par le virus. La Réserve fédérale a mené une nouvelle action d’urgence dimanche. D'autres banques centrales, notamment au Japon, en Suisse et en Russie, devraient également tenir des réunions de politique générale cette semaine. Wall Street se prépare à encaisser des gros titres de plus en plus alarmants concernant la propagation du virus aux États-Unis et les ministres des finances de l'Union européenne doivent discuter lundi de l'impact du virus. Pendant ce temps, les données économiques des États-Unis, de la Chine et de la zone euro seront au centre de l'attention. Voici ce que vous devez savoir pour commencer votre semaine.
Une nouvelle action d’urgence de la Fed échoue à rassurer le marché
Sans attendre sa réunion prévue pour mercredi, la Fed a réduit les taux d'intérêt à pratiquement zéro dimanche à l'occasion d'une décision d'urgence et a lancé un programme massif d'assouplissement quantitatif de 700 milliards de dollars.
Cependant, elle a aussi précisé qu’elle n’utilisera pas de taux négatifs. La baisse de taux de la Fed de dimanche ayant porté le taux directeur à zéro, cela signifie que la Fed a atteint son maximum en termes d’actions sur les taux.
De ce fait, et parce que le marché doute de l’impact de l’action des banques centrales, ces actions ne sont pas parvenues à rassurer les marchés, les indices futures européens et US pointant nettement vers la baisse.
Les maux de tête des banques centrales
Jeudi, la Banque du Japon et la Banque nationale suisse doivent tenir des réunions de fixation des taux.
La BNS devra décider si ses interventions régulières pour faire baisser le franc suisse sont encore tenables sans pour autant abaisser davantage ses taux d'intérêt.
La BOJ devrait assouplir sa politique afin d'amortir les retombées économiques du coronavirus et de renforcer la confiance des entreprises dans la troisième plus grande économie du monde. En parallèle, le gouvernement travaille sur un nouveau programme de dépenses pouvant atteindre 20 000 milliards de yens (190 milliards de dollars), afin de lutter contre la récession.
La Russie, considérée jusqu'à présent comme l'une des économies émergentes les mieux placées grâce à la solidité de sa banque centrale, s'est soudainement retrouvée aux prises avec une chute des prix du pétrole de 30 dollars le baril, ce qui a mis le rouble en difficulté. Sa banque centrale se réunit vendredi.
La question est également de savoir si ces banques centrales vont attendre les réunion pour agir, ou si elle vont procéder à des décisions d’urgence comme la Fed.
La volatilité accrue des marchés devrait se poursuivre
Avec l'une des semaines les plus folles de Wall Street de mémoire d'homme qui est maintenant dans les livres d'histoire, les investisseurs se préparent à plus d'incertitude et à de grandes fluctuations du marché.
La prudence reste le mot d'ordre pour les investisseurs et les analystes après une semaine où les trois indices US ont confirmé des marchés baissiers, où les prix du pétrole ont atteint leur plus bas niveau depuis plusieurs années et où les rendements obligataires et les devises ont connu des fluctuations extrêmes.
Le président américain Donald Trump a déclaré une urgence nationale vendredi. Les États-Unis ont enregistré plus de 2 000 cas et 50 décès mais ont été critiqués pour la lenteur des tests.
Les investisseurs espèrent que les mesures prises par la Fed contribueront à apaiser le marché boursier en difficulté, mais les réductions de taux pourraient ne pas aider les actions.
Quelles que soient les mesures prises par la Fed, certains investisseurs ont déclaré qu'elles étaient en fin de compte secondaires par rapport aux réponses des gouvernements du monde entier.
"Si nous pensons que la politique de la banque centrale est importante, nous pensons que la politique fiscale est beaucoup plus importante à ce stade", a déclaré Eric Freedman, directeur des investissements à la U.S. Bank Wealth Management.
Les ministres des finances de l'Union européenne vont s'entretenir
Les ministres des finances de l'Union européenne se réuniront lundi pour discuter de l'impact du coronavirus et des mesures à prendre pour relancer leurs économies, mais par appel vidéo plutôt qu'en personne, après que la France et l'Espagne se soient jointes à l'Italie pour imposer des blocages à des dizaines de millions de personnes.
Mario Centeno, le président de l'"Eurogroupe" des ministres des finances de la zone euro, a déclaré dans un tweet tard samedi que le sentiment d'urgence et l'effort coordonné étaient sans précédent.
Les discussions porteront probablement sur le plan de la Commission européenne dévoilé vendredi, qui vise à stimuler les dépenses dans les secteurs de l'économie touchés par le coronavirus et à laisser les nations de l'UE accuser des déficits plus importants pour aider à amortir les entreprises.
L'exécutif européen, qui a prédit que l'épidémie conduirait à une récession dans l'Union cette année, veut canaliser 37 milliards d'euros (41 milliards de dollars) des fonds européens existants vers les entreprises qui en ont le plus besoin et adopter une approche indulgente en matière de règles sur les aides d'État.
Lundi, le président français Emmanuel Macron continuera à appeler à une réponse budgétaire coordonnée lors d'une vidéoconférence du G7.
Données économiques
Lundi, la Chine doit publier des données sur la production industrielle, les ventes au détail et les investissements en actifs fixes pour le mois de février, ce qui donnera aux investisseurs un aperçu des dommages causés par le verrouillage du coronavirus à la deuxième économie mondiale.
Aux États-Unis, les chiffres sur la production industrielle et les ventes au détail du mois dernier indiqueront comment l'économie se portait au moment de l'apparition de l'épidémie de coronavirus, tandis que les indices manufacturiers et les données du secteur du logement pourraient indiquer les effets du virus.
Dans la zone euro, l'indicateur de confiance des investisseurs ZEW de l'Allemagne, publié mardi, devrait diminuer fortement dans un contexte de perturbation économique majeure causée par la pandémie dans l'une des économies les plus dépendantes du commerce mondial.
--Reuters a contribué à ce rapport