MARSEILLE (Reuters) - L'administration pénitentiaire a fait fermer à la fin de 2014 une page sur le réseau social Facebook sur laquelle les détenus de la maison d'arrêt des Baumettes, à Marseille, se mettaient en scène avec des liasses de billets et des produits stupéfiants.
"Le plus surprenant est de voir les détenus agir à visage découvert. Personne ne peut plus dire que cela n'existe pas", a déclaré lundi à Reuters le délégué CGT des Baumettes, David Cucchietti, confirmant une information du quotidien La Provence.
L'administration pénitentiaire a fait supprimer de Facebook, le 31 décembre, la page "MDRobaumette" qui présentaient des détenus tout sourire, pris en photo dans leurs cellules, dans les coursives et la cour de promenade de la prison.
Ils tenaient en main des téléphones portables, d'importantes sommes d'argent ou encore étaient pris en train de conditionner et de fumer des produits stupéfiants.
"La situation est devenue ingérable avec en moyenne un surveillant pour 130 détenus. On réclame en vain des effectifs supplémentaires et une fouille générale qui, pour des raisons budgétaires, n'a plus eu lieu depuis plusieurs années aux Baumettes", regrette le délégué du syndicat majoritaire de l'établissement.
Pour favoriser notamment le "maintien des liens familiaux", la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, s'est déclarée favorable à l'autorisation de téléphones portables en détention, sous certaines conditions.
Une solution qualifiée de "bêtise sans nom" par les syndicats.
"Il faut garder le contrôle sur les communications pour protéger les victimes, les témoins et préserver le secret de l'instruction", souligne David Cucchietti.
D'autant que pour la CGT, le plus important n'est pas ce qui apparaît sur les images qui ont fait le buzz sur internet, mais les armes que l'on ne voit pas mais qui circulent en grand nombre dans les couloirs de la prison.
"C'est une réalité, on sait par exemple que les couteaux circulent en détention. Au point que certains détenus ne sortent plus en promenade sans une forme d'armure en plastique renforcé, dont ils se servent pour protéger les parties vitales de leur corps".
Des règlements de comptes à coups de couteau ont régulièrement été recensés aux Baumettes ces derniers mois. "Autrefois, c'était une exception", précise David Cucchietti.
La maison d'arrêt de Marseille accueille plus de 1.800 détenus pour environ 1.200 places.
(Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)