Par Geoffrey Smith et Peter Nurse
Investing.com -- Le marché obligataire continue de lancer des signaux d'alerte concernant l'inflation, le rendement du Trésor à 10 ans ayant atteint cette nuit son plus haut niveau depuis fin 2018. L'emploi américain permettra de savoir si l'inflation affaiblit la tendance de la croissance de l'emploi, ou si elle ramène davantage de personnes sur le marché du travail. Elon Musk fait un grand pas vers la réalisation de son acquisition de Twitter et les prix du pétrole repartent à la hausse alors que l'UE tente de lever une pierre d'achoppement à son embargo sur le pétrole russe. Voici ce qu'il faut savoir sur les marchés financiers ce vendredi 6 mai.
1. Les obligations continuent d'émettre des signaux d'alarme
Le marché obligataire continue d'émettre des signaux d'alarme après une nouvelle journée de forte volatilité qui a laissé les marchés déchirés entre la double crainte de l'inflation et de la récession.
Le rendement des 10 ans américains, qui peut être considéré comme un indicateur approximatif des taux à court terme au cours de la prochaine décennie, a atteint un nouveau sommet de 3½ ans à 3,10 % au cours de la nuit, reflétant peut-être la prise de conscience de l'ampleur du changement des conditions de liquidité plus tard dans l'année, lorsque la réduction du bilan de la Fed s'accélérera.
Le rendement du Trésor 2 ans a toutefois été moins volatil. Cependant, le rendement du Trésor a été moins volatil et devrait terminer la semaine à peu près là où il l'a commencée. Cela suggère que les attentes du marché concernant les taux de la Fed dans les deux prochaines années n'ont pas beaucoup changé, malgré toute la volatilité observée ces deux derniers jours.
L'impression générale est celle d'une grande incertitude exacerbée par la rareté des liquidités, sur fond de crainte croissante d'une "stagflation".
Cette crainte s'est manifestée jeudi en réponse à la révision à la baisse du taux de croissance de la Banque d'Angleterre, et le risque que la zone euro suive la même voie s'accroît de jour en jour. Les commandes et la production industrielles allemandes ont toutes deux fortement chuté en mars, tandis que le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a averti qu'un euro faible risquait d'aggraver encore la situation de l'inflation.
2. La croissance de la masse salariale devrait ralentir un peu
L'économie américaine devrait avoir créé 391 000 emplois supplémentaires au cours du mois jusqu'à la mi-avril, soit un léger ralentissement par rapport aux 431 000 emplois du mois précédent.
Le rapport officiel sur le marché du travail, attendu à 14h30, devrait également montrer que le taux de chômage est en baisse à 3,5% de la population active. Toutefois, les chiffres les plus importants du rapport seront peut-être le taux de participation et le salaire horaire moyen.
Le nombre record d'emplois vacants et la pénurie de travailleurs permettent aux salaires d'augmenter à des taux bien supérieurs à ce qui est compatible avec une faible inflation. Ainsi, toute nouvelle accélération de la croissance des salaires est susceptible de raviver les craintes d'une hausse des taux d'intérêt qui ont agité les marchés cette semaine. En revanche, tout signe de retour des inactifs sur le marché du travail apaisera ces craintes. Le taux d'activité a augmenté de près de 1 % au cours des cinq derniers mois, l'épargne pandémique ayant été puisée, notamment par les groupes à faible revenu.
Le président de la Réserve fédérale de New York John Williams prendra la parole à 15h15, ce qui pourrait ajouter un peu de couleur et d'analyse au rapport.
3. Les actions américaines devraient prolonger leurs pertes à l'ouverture
Les marchés boursiers américains sont prêts à étendre leurs pertes à l'ouverture, après avoir subi leur pire journée depuis la première vague de la pandémie jeudi.
Vers 13h00, les Dow futures étaient en baisse de 40 points, soit 0,1%, tandis que les S&P 500 futures étaient en baisse de 0,3% et les Nasdaq 100 futures en baisse de 0,6%.
Parmi les valeurs susceptibles de faire l'objet d'une attention particulière, citons le groupe de véhicules électriques Lucid (NASDAQ:LCID), qui a affiché une perte moins importante que prévu après la clôture jeudi, ainsi que Live Nation Entertainment (NYSE:LYV), qui a rapporté de solides bénéfices grâce au rebond des concerts et du sport. EOG Resources (NYSE:EOG) a également rejoint les rangs des sociétés pétrolières et gazières qui profitent de la hausse des prix du brut.
Under Armour (NYSE:UAA) a également publié des chiffres meilleurs que prévu ce matin, tandis que le géant de l'assurance Cigna (NYSE:CI) publie avant l'ouverture.
4. Musk trouve des bailleurs de fonds pour l'acquisition de Twitter
L'offre d'Elon Musk sur Twitter (NYSE:TWTR) semble en passe de se concrétiser après que le PDG de Tesla (NASDAQ:TSLA) a annoncé avoir trouvé 7,1 milliards de dollars de fonds propres supplémentaires auprès d'une série de riches investisseurs. Certains, comme le prince Al Waleed bin Talal d'Arabie saoudite, sont des actionnaires existants qui conserveront leurs actions, tandis que d'autres, comme le PDG d'Oracle (NYSE:ORCL), Larry Ellison, et la bourse de bitcoins Binance, achèteront pour la première fois.
Les sociétés de capital-risque Sequoia et Andreessen Horowitz doivent également injecter des liquidités, de même que Fidelity et Brookfield Asset Management.
L'effet net est de réduire de moitié le montant que Musk doit emprunter contre ses actions Tesla, ce qui réduit considérablement le risque de liquidations forcées. L'action Tesla a baissé en prémarché malgré la nouvelle, tandis que l'action Twitter a conservé ses gains de jeudi pour s'échanger à 50,09 dollars à 13h, soit moins de 10 % en dessous du prix de l'offre de Musk.
Des rapports distincts ont suggéré que Musk a accepté de prendre temporairement le poste de PDG si son offre est acceptée.
5. Le pétrole se renforce alors que l'UE agit pour lever l'obstacle à l'embargo
Les prix du pétrole sont restés bien orientés, l'Union européenne tentant de lever la principale pierre d'achoppement de son projet d'embargo sur le pétrole et les produits raffinés russes.
Selon l'agence Bloomberg, des responsables ont déclaré que l'UE accordera à la Hongrie, à la Slovaquie et à la République tchèque jusqu'à deux années supplémentaires pour se conformer à l'interdiction, en raison de leur dépendance disproportionnée vis-à-vis des oléoducs de l'ère soviétique.
Le train de sanctions ne peut entrer en vigueur qu'avec un soutien unanime. Selon divers rapports, le Premier ministre hongrois Viktor Orban fait pression pour obtenir une exemption de cinq ans.
Vers 13h05, les contrats à terme sur le brut américain étaient en hausse de 2,3% à 110,69 dollars le baril, tandis que le brut brent était en hausse de 2,2% à 113,39 dollars.