Investing.com – L'événement macroéconomique principal de cette semaine sera sans aucun doute la réunion de la BCE de jeudi.
Or, s'il est à peu près acquis que la BCE adoptera une position dovish, les analystes et les membres de la BCE sont divisés sur les détails de ce que réserve la Banque Centrale Européenne, après que les responsables de la banque centrale aient temporisé les attentes du marché en matière d'assouplissement quantitatif (QE).
En juin, le président de la BCE, Mario Draghi, a confirmé qu'il étudiait des mesures visant à stimuler l'économie de la zone euro, citant la persistance d'une inflation faible et d'une croissance atone pour justifier son intention d'assouplir la politique monétaire.
Toutefois, bien qu'une baisse des taux se profile effectivement, les responsables de la BCE ont tempéré les espoirs sur un autre levier majeur de la politique monétaire : Le QE.
Le président de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et le président de la Banque centrale estonienne, Madis Muller, sont les derniers en date à avoir suggéré que l'intervention de la BCE pourrait ne pas être aussi ample que le marché ne le pense.
Précédemment, Sabine Lautenschlager, membre du directoire de la BCE, Klaas Knot, président de la banque centrale néerlandaise, et Jens Weidmann, président de la Bundesbank, avaient eux aussi fait part de leur scepticisme quant à la pertinence d'un nouveau QE.
Dans le camp dovish, on retrouve surtour Mario Draghi et Ollie Rehn, président de la Banque de Finlande, qui ont récemment appelé à un plan de relance " important et significatif ".
Shweta Singh, directeur général de Global Macro chez TS Lombard, a estimé la semaine dernière dans une note que le changement dans les communications de la BCE était "déroutant".
Alors que l'économie italienne stagne au deuxième trimestre tandis que l'Allemagne, la plus grande économie de la zone euro, se contracte et affiche de nouvelles faiblesses, Singh fait en effe valoir qu'il y a " peu de raisons d'être optimiste quant aux perspectives économiques ".
"L'industrie manufacturière reste dans le marasme et la faiblesse s'étend assez rapidement aux services. Les entreprises révisent à la baisse leurs plans d'embauche et d'expansion, citant la faiblesse de la demande comme l'une des principales contraintes à la production ", a déclaré Singh.
Singh a également souligné que la combinaison d'une nouvelle série de droits de douane dans la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, d'un dollar fort qui pèse sur les conditions de financement mondiales et qui freine la demande d'exportations de la zone euro, et du chaos entourant le Brexit accentue ces inquiétudes.
Sans un soutien important de la politique budgétaire, elle a suggéré que la BCE devra faire le gros du travail, mais a prévenu que l'efficacité d'une nouvelle série de mesures de relance dépendra de la forme qu'elle prendra.
"Les avantages marginaux d'une baisse des taux déjà négatifs sont au mieux limités, même si elle s'accompagne d'une nouvelle série d'opérations de refinancement à long terme (TLTRO) moins coûteuses ", a déclaré Singh.
Pour que la BCE comble un écart d'inflation de 0,5 %, il faudrait au moins 600 milliards d'euros de QE2, selon Frederik Ducrozet, économiste européen senior de Pictet.
Dans une note publiée jeudi dernier, Ducrozet a suggéré que la baisse des rendements marginaux de l'assouplissement quantitatif et le risque d'un "dé-ancrage des anticipations d'inflation" exigeaient un programme encore plus agressif.
"Notre prévision initiale était de fixer le QE2 à 50 milliards d'euros par mois sur 12 mois ", a déclaré M. Ducrozet.
"Un compromis pourrait prendre la forme d'un plus petit volume d'achats pour 30 milliards à long terme sur 18 mois, 25 milliards sur deux ans, ou même d'achats d'actifs à durée indéterminée liés à une orientation future conditionnée par l'État."
L'économiste européen de Berenberg, Florian Hense, s'attend également à ce qu'une large majorité des membres du Conseil des gouverneurs soutienne un package de mesures de politique monétaire.
Dans une note publiée lundi, Hense a prédit que la BCE réduirait son taux directeur de 20 points de base de -0,4% à -0,6%, relancerait le QE à hauteur de 30 milliards d'euros pendant au moins 12 mois et renforcerait ses prévisions à terme en étendant l'horizon pour affirmer qu'elle maintiendra les taux au plus bas au-delà du premier semestre 2020.
Enfin, on notera que les analystes de Danske Bank affichent eux aussi un avis similaire :
“Nous nous attendons à ce que la BCE annonce une baisse de 20 points de base du taux de dépôt et à ce que les forward guidance restent inchangées, avec également une reprise sur 12 mois du QE à raison de 45-60 milliards d'euros par mois, tout en reconnaissant les risques à la baisse".
Quel impact de la réunion de la BCE sur les marchés?
Les anticipations du marché s'orientent vers des assouplissements monétaires de la part de la BCE. Cependant, il n'y a pas vraiemnt de consensus sur les détails de ce que la BCE va décider, que ce soit en ce qui concerne l'ampleur de la baisse de taux (0.1% ou 0.2%?), ou la possibilité de l'annonce d'un nouveau QE.
En d'autres termes, si la BCE se contente du minimum, à savoir abaisser son taux de dépôt sans relancer (ni s'engager à relancer) le QE, et sans s'engager à abaisser ses taux davantage, les marchés boursiers pourraient être déçus, tandis que l'Euro remonterait sans doute.