Investing.com – Les signes indiquant qu’une partie de plus en plus importante du monde en a assez de la domination du dollar sur les marchés mondiaux s’accumulent, et sont alors que le Monde perd confiance de plus en plus fréquents.
Dans ce qui constitue le dernier indice de ce type en date, le président kenyan William Samoei Ruto a suggéré la semaine dernière que les nations africaines abandonnent l'utilisation du dollar dans les échanges intercontinentaux.
Les Africains veulent (eux-aussi) se passer du Dollar
M. Ruto a fait ces commentaires lors d'un discours devant le parlement de Djibouti, déclarant que les deux pays devraient cesser de dépendre du dollar dans leurs échanges bilatéraux.
« En quoi les dollars américains font-ils partie du commerce entre Djibouti et le Kenya ? ... Pourquoi devons-nous acheter des choses à Djibouti et payer en dollars ? Pourquoi ? Il n'y a aucune raison » a-t-il en effet déclaré, précisant cependant qu'il n'était pas "contre" le dollar américain, et affirmant vouloir « simplement commercer beaucoup plus librement ».
Il a rappelé que la Banque africaine d'import-export (Afreximbank) fournit un mécanisme permettant aux négociants du continent d'effectuer des transactions commerciales en utilisant les monnaies locales et a déclaré que le Kenya est favorable à l'utilisation d'un système panafricain de paiement et de règlement administré par la banque, qui permettrait de se passer du dollar à l’échelle du continent.
Les BRICS appellent aussi à la dédollarisation, et pourraient créer leur propre monnaie
Soulignons que ces propos s’ajoutent à ceux de hauts diplomates des pays BRICS qui ont appelé la semaine dernière à un "rééquilibrage" de l'ordre mondial lors de discussions en Afrique du Sud ce lundi, alors que le bloc souhaite obtenir une voix plus importante sur la scène internationale.
"Notre réunion doit envoyer un message fort : le monde est multipolaire, il se rééquilibre et les vieilles méthodes ne peuvent pas répondre aux nouvelles situations", a déclaré le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, sans aborder précisément le rôle du Dollar.
Il est également intéressant de rappeler qu’au printemps dernier, la Chine et le Brésil ont annoncé la un accord commercial dans leurs propres monnaies, sans passer par le dollar. La Chine a également conclu des accords commerciaux sans dollar avec la Russie, le Pakistan et l'Arabie saoudite.
Par ailleurs, plusieurs déclarations ces derniers mois ont laissé penser que les pays des BRICS travaillent à l'élaboration d'une "nouvelle monnaie". Au mois d’avril, un porte-parole russe avait par exemple affirmé que les nations BRICS développent une stratégie qui "ne défend pas le dollar ou l'euro" et qu'une "monnaie unique" émergerait probablement au sein du groupe, et qu’elle sera potentiellement adossée à l'or ou à "d'autres groupes de produits, à des éléments de terres rares ou à la terre".
Notons qu’un important sommet des BRICS aura lieu en août, et qu’il faudra donc rester à l’affût d’éventuels indices ou déclarations à ce sujet.
Rappelons par ailleurs que les BRICS (Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud) représentent environ 40 % de la population de la planète et un quart du PIB mondial. Et sa taille pourrait être amenée à croître.
En effet, le vice-ministre russe des affaires étrangères, Sergey Ryabkov, a affirmé plus tôt ce mois que près de 20 nouveaux pays ont demandé à rejoindre l'alliance des BRICS, sans mentionner de noms.
Soulignons en effet qu’au-delà des BRICS, de nombreux pays voient d’un mauvais œil la domination du dollar, et tentent de mettre en place un minimum de dédollarisation.
Le Monde n’a plus confiance dans le Dollar : Vers un effondrement catastrophique ?
La récente sage du relèvement du plafond de la dette US a rappelé au monde entier à quel point l’endettement des Etats-Unis est insoutenable, et la confiance dans le billet vert continue en conséquence de s’éroder.
De plus l'utilisation du dollar par les États-Unis comme arme de politique étrangère, avec pour dernier exemple les sanctions contre la Russie en réponse à son invasion injustifiée de l’Ukraine, incite également de nombreux pays à se méfier d’une trop grande dépendance au billet vert.
Pour l’instant, la plupart des économistes s’accordent à dire que la fin de la domination du Dollar n’est pas imminente, puisqu’il n’existe pas d’alternative viable, bien que certains aient cité l’Euro, le Yuan, l’Or, ou encore le Bitcoin.
Cependant, l’absence d’alternative ne garantit pas que le Dollar ne risque rien. Pour l’instant, le statut de monnaie de réserve mondiale du dollar « oblige » les pays du monde entier à s’approvisionner en dollars, des réserves qui sont mis à profit via l’achat de Bons du Trésor US.
En d’autres termes, les États-Unis dépendent de la demande de dollars pour soutenir les emprunts et les dépenses.
Or, l’érosion progressive de la demande pour le dollar, alors que de plus en plus de pays s’organisent pour s’en passer (bien que seulement partiellement pour l’instant) signifiera une érosion plus ou moins progressive de la valeur du dollar, avec à la clé une hausse de l’inflation importée, à une période de l’histoire économique où l’inflation atteint déjà des records, ce qui pourrait déboucher sur un cercle vicieux précipitant un effondrement catastrophique du Dollar US, comme l'on souligner de nombreux écnomistes ces derniers mois.